« Jésus et Jean Baptiste »

21 décembre 2018

Deux évangélistes seulement, sur quatre, racontent la naissance de Jésus : Matthieu et Luc. Pour son évangile, Marc a un simple titre et Jean rédige un prologue théologique.

Les deux «  évangiles de l’enfance  » - c’est l’expression retenue - sont très différents et obéissent à des principes de rédaction différents. Pour une part essentielle, le récit de Luc est un parallèle entre Jean-Baptiste et Jésus. C’est un parallèle qui souligne les différences. Par exemple, pour Jean l’annonce de sa naissance est faite à son père et Zacharie est incrédule, pour Jésus l’annonce est faite à sa mère et elle est parfaitement croyante. Elisabeth dira : «  Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur  ». De même le choix du nom et la circoncision sont très développés pour Jean et très brefs pour Jésus.

De ce point de vue, du point de vue du parallèle entre Jean et Jésus, le récit de la «  visitation  », que nous venons de lire, est le sommet du récit puisqu’il est la rencontre des deux enfants.

Certes le récit de la Visitation, c’est la visite de Marie à Elisabeth, qui proclame : «  Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni.  » Mais, tout de suite, Elisabeth ajoute et révèle à Marie : «  Lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi.  »

Pourquoi Jean tressaille-t-il d’allégresse  ? Parce qu’il est visité par celui qu’il annoncera. Pourquoi, à cause de ce tressaillement, Elisabeth est-elle «  remplie de l’Esprit Saint, parce que Jésus a communiqué l’Esprit-Saint à Jean pour qu’il soit prophète.

Au Moyen Age, on n’hésitait pas à représenter les deux mères face à face, c’est-à-dire de profil, et à montrer dans le sein de chacune leur enfant. Dans le sein d’Elisabeth, Jean et dans le sein de Marie, Jésus. Et le sens de la scène était donné par Jésus qui bénissait Jean, agenouillé devant lui  ! Plus tard, on n’osa plus ce genre de radiographie un peu particulier, mais on voulut conserver le sens de l’événement.

Quand je suis arrivé à Courthézon, j’ai trouvé dans l’entrée du presbytère, simplement posé par terre, un tableau qui a tout de suite attiré mon regard et que j’ai placé dans le salon d’accueil que j’ai aménagé. Ce tableau, un peu abimé, sans être un chef d’œuvre, n’est pas sans qualité.

On y voit les deux mères, assises l’une à côté de l’autre, Marie en avant, Elisabeth en arrière. Marie porte Jésus sur ses genoux et devant Jésus il y a Jean. Ce sont tous les deux des petits enfants. Mettons deux ans. A noter qu’ils sont, l’un et l’autre, nus. Un linge, cependant, cache le sexe de Jésus. Jésus bénit Jean et Jean porte la croix, qui annonce déjà l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. En arrière, très discrètement placé, de profil, il y a Zacharie.

Marie est charmante et les deux enfants sont bien potelés. Cependant, même si la tendance à l’anecdote est incontestable, le sens théologique demeure. Pour qu’il soit le précurseur, il a fallu que Jean reçoive la bénédiction - le Saint-Esprit - de Jésus.

Spontanément un chrétien qui annonce l’évangile s’identifie aux apôtres, à ceux qui, à la suite de Jésus, après sa résurrection, ont proclamé l’évangile. Nous sommes témoins à la manière des apôtres. Cependant, nous avons aussi pour modèle Jean, le précurseur.

Jean désigne Jésus. Il révèle la présence du Messie parmi les siens. Notre rôle est souvent cela : montrer que Jésus est là, discret sans doute, mais bien réellement là et à l’œuvre dans la vie du monde. Et c’est bien cela la foi : réaliser la présence du Christ.

Alors, soyons comme le précurseur : recevons l’Esprit Saint de celui que nous annonçons. Et pour dire à tous : «  Dans la crèche, cet enfant est le Fils de Dieu  !  » ayons sa foi et son courage, sa vigueur et sa force  ! Amen.