Homélie du Père Doumas

5 juillet 2021

Homélie du dimanche 4 juillet 2021

Jésus vient à Nazareth. Comme ailleurs, le jour du sabbat, il va à la synagogue et il enseigne. Comme ailleurs, les auditeurs sont « frappés de son enseignement ». Mais, ici, à Nazareth, on se pose des questions : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse ? » Et on objecte : « « N’est-il pas le charpentier, Le fils de Marie ? Le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? » On ajoute même : « Et ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et Marc précise : « Ils étaient profondément choqués à son sujet ».

Jésus ne s’en étonne pas ! Il leur objecte le dicton : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison ». Cependant, nous, nous nous étonnons qu’il ne puisse accomplir « aucun miracle », sinon quelques guérisons de malades.

C’est qu’en fait nous associons le miracle à un seul acte de puissance. Le miracle est indissolublement lié à la foi ! La foi est comme le terreau du miracle. On sème, mais pour que cela pousse il faut de la bonne terre !

En fait, il nous faut nous poser la question : pourquoi les gens de Nazareth ont-ils tant de difficulté à accueillir l’enseignement de Jésus ? Parce qu’ils croient le connaître ! Pour eux, il est le « charpentier » et on connaît parfaitement sa famille, sa mère, ses frères, ses sœurs … Du coup on se dit : « D’où cela lui vient-il ? » Mais on n’a pas de réponse. Plus exactement on ne cherche pas la réponse !

On ne se dit pas : « Cela était caché » » On ne se dit pas : « Jésus est un autre que celui que nous croyons qu’il était ! » On est enfermé dans l’immédiat, dans l’évidence, dans ce qu’on croit savoir et qui, de fait, pour une part, est la réalité. Il est bien le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques et de Simon. Il est bel et bien un habitant de Nazareth !

La foi, c’est aller au-delà des apparences, c’est pénétrer dans la profondeur. Cela est décisif ; sans profondeur, il n’y a pas de foi, mais tout cela est conditionné par la nécessité de surmonter ce qu’on croit savoir. Et là, aujourd’hui, est la difficulté majeure.

Nos contemporains croient savoir ce qu’est le christianisme. Ils le connaissent de moins en moins, mais ils croient savoir ce qu’il porte, ce qu’il est. Et ils s’arrêtent au secondaire, à l’anecdote ou seulement au négatif. On réduit le christianisme à l’Inquisition et aux croisades. On s’extasie sur les cathédrales, mais c’est du « patrimoine ». Et de moins en moins on fait référence à la culture chrétienne, qui a fait l’identité de l’Occident et a été la source de tant de révolutions intellectuelles et culturelles ! Et on n’hésite pas à discréditer l’Eglise d’un seul mot : « pédophilie ».

Je crois qu’il nous faut assumer le passé de l’Eglise avec humilité et fierté, avec sens critique et admiration, en confessant les fautes et en magnifiant les saints. Mais, quoiqu’il en soit de l’inventaire, il nous faut toujours ramener au Christ, à ce Jésus que les gens de Nazareth croyaient connaître et dont ils ignoraient l’identité.

Nous, chrétiens, nous savons qui est Jésus, le charpentier de Nazareth. Comme le dit Marc dans le titre de son évangile, il est le Christ et le Fils de Dieu. En lui s’accomplit la promesse faite à Israël : il est le Messie, le Christ, mais bien plus que cela, il est le Fils éternel du Père, il s’est incarné et s’est fait homme, il a partagé notre condition jusqu’à la mort, et la mort sur la croix, pour nous rendre participants de la vie divine. A nous de révéler cela à ceux que nous rencontrons ou côtoyons, qui croient savoir qui est Jésus, mais qui l’enferment dans le passé ou une fausse religion. Amen !