Homélie du Père Doumas

17 juillet 2021

Tous les exégètes soulignent la qualité de narrateur de Marc. De fait, nous avons là un récit très vivant. Relisons-le !

Les disciples reviennent de leur première mission. Ils sont enthousiastes et harassés. Jésus, touché de les voir en cet état, leur propose de se mettre à l’écart et de se reposer. Et donc ils partent en barque pour un endroit désert. Mais voilà que la foule comprend où ils vont. Tellement bien que les gens arrivent avant eux à l’endroit choisi Et, du coup, quand Jésus débarque, il découvre une grande foule.

Cela aurait pu l’agacer. Il cherche un endroit tranquille pour que ses disciples se reposent, pour parler avec eux. En fait pour un temps d’intimité et patatras ! voilà que loin d’être désert le lieu choisi est couvert de monde. Si vous choisissez pour vos vacances un endroit tranquille dans la montagne et que, sans que cela soit du tout prévu, il y a foule autant que sur la plage à Saint-Tropez, vous allez être contrariés. Mais, Jésus est saisi de compassion !

Il faut comprendre cette compassion. Elle n’est pas seulement une émotion, liée au caractère paradoxal de la situation : un endroit désert, rempli de monde. Elle vient de ce que Jésus voit cette foule comme des brebis sans berger.

Ils sont en errance, ils sont perdus, sans guide. Ils ne savent pas où aller ni qui suivre. Et, en même temps, ils cherchent et, littéralement, ils s’accrochent à Jésus. Sans qu’ils soient capables de le formuler, ils l’ont choisi comme berger, comme pasteur.

Et Jésus consent ! Il se met à les enseigner - sans doute debout, ou assis, dans la barque. Il est entouré de ses disciples toujours aussi fatigués, mais heureux d’entendre Jésus. Et Jésus va enseigner longuement, précise saint Marc.

Souvent Jésus aime se concentrer sur une personne. On l’a vu, il y a peu de temps, avec la femme malade d’un flux de sang et qui vient toucher, par derrière, le manteau de Jésus. Et il y a bien d’autres exemples dans l’évangile. Mais, Jésus, et c’est tout aussi caractéristique, aime la foule.

Jésus aime la « multitude », il aime le peuple en grand nombre. A la Cène, il dira : « Mon sang versé pour la multitude ». Il s’agira alors de l’humanité selon un nombre innombrable.

Je vous l’avoue, je préfère m’appeler « catholique » qu’orthodoxe ou protestant. Je suis extrêmement attaché au fait d’appartenir à un peuple immense, que Jésus aime et guide, que Jésus sauve. La catholicité de l’Eglise est, en effet, l’écho direct de cette immensité du peuple des sauvés.

Jésus ne sauve pas l’humanité à la pêche à la ligne. Il jette le filet et c’est en masse que nous sommes sauvés. Il n’a pas choisi des pécheurs de poissons pour rien. Et quand il les choisit, ils sont en train d’arranger leurs filets.

Frères et sœurs, soyons pénétrés de cela. En aucune manière la foi chrétienne n’est réservée qu’à quelques-uns. Elle est pour tous et c’est ensemble que nous prions et célébrons. C’est ensemble que nous formons l’église qui est fraternité ouverte sur le monde.

Et, ici, à Courthézon, vivons, donc, la solidarité et la bienveillance. Chaque frère est un frère et un frère universel, qui témoigne de la fraternité avec tous ! Oui, frères et sœurs, soyons frères et sœurs en Jésus, qui est le frère de tous, en qui nous sommes tous frères.