Homélie du 3e dimanche de l’Avent

14 décembre 2019

Homélie du dimanche 15 décembre 2019.
Troisième dimanche de l’Avent.

Dans ce passage d’évangile, il y a clairement deux parties. Dans la première partie, Jésus répond aux envoyés de Jean-Baptiste, dans la deuxième partie Jésus interroge les foules sur Jean-Baptiste et donne sa réponse à son sujet. Lisons l’une, puis l’autre.

Dans le récit synoptique, Jésus commence son ministère après l’incarcération de Jean et donc Jean est en prison quand il entend parler de l’activité de Jésus. Cela ne correspond pas au récit de l’évangile de Jean. Et, quand on lit l’évangile de Jean, on s’étonne de la question que pose Jean-Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » En effet, dans le quatrième évangile, Jean désigne clairement Jésus comme l’Agneau de Dieu.

En fait, il y a le récit historique, qui raconte les événements, et le récit théologique, qui interprète les événements. Il faut toujours avoir cela à l’esprit quand on lit les évangiles.

Dans ce contexte, on aura tendance à donner un meilleur crédit historique aux synoptiques, mais, même s’il est plus raisonnable de penser qu’effectivement Jésus n’a commencé son ministère qu’après l’incarcération de Jean, on n’est pas obligé de penser que, dans sa prison, Jean se soit posé la question que rapporte l’évangile de Matthieu. Ce peut être une création de la tradition évangélique.

En fait, ce qui importe c’est la réponse de Jésus. Et c’est bien cela qu’il faut comprendre. Jésus ne dit pas : « Je suis le messie, je suis celui que Dieu avait annoncé et promis. » Il décrit des événements : les aveugles retrouvent la vue, les boiteux marchent, les sourds entendent … Ces événements sont les signes que le Royaume est survenu, que le Règne de Dieu a commencé. Cela est en parfaite consonance avec la description que Jésus fait du Baptiste, dans la deuxième partie du passage que nous avons lu.

Jésus interroge les foules à propos du Baptiste : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert. Qu’êtes-vous allés voir » ? Et Jésus répond : « Vous êtes allés voir un prophète. » Et il ajoute : « Et bien plus qu’un prophète ». Jean est, en fait, le messager annoncé par Isaïe : il prépare le chemin du Seigneur. Et Jésus commente. Il le fait avec autorité, en commençant sa phrase par amen. Il dit : « Amen, je vous le dis, parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean-Baptiste. » L’affirmation est forte ! Mais, elle est aussitôt corrigée : « Cependant le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui. »

Qu’est-ce que ça veut dire ? Cela veut dire que l’inauguration du Règne de Dieu a eu lieu, que ce Règne est commencé et que ce moment où s’inaugure le Règne de Dieu - le moment de Jésus – est décisif pour toute l’histoire humaine. Il y a, de manière très clivante, un avant et un après.

Nous pouvons nous interroger sur ce que le Règne de Dieu désigne, mais par-delà la signification de l’expression ce qui importe c’est l’identité de celui qui l’inaugure. On rejoint ainsi la question du Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir ? »

Etre chrétien, ce n’est pas seulement parler de Jésus et le situer, avec plus ou moins d’exactitude, dans la suite des événements de l’histoire. Etre chrétien, c’est dire qui est Jésus et qu’il est l’envoyé de Dieu, celui après qui il n’y a pas à en attendre un autre.

Pour nous, chrétiens, Jésus est le centre de l’histoire, le pivot sur lequel tout s’articule et tout prend sens. Cependant, il n’est pas seulement l’énigme résolue de l’histoire. Il est cette personne, si particulière, par lequel chacune de nos vies se décide. Lui-même dit : « Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ».

Il est nécessaire de faire de l’exégèse, de travailler les textes bibliques, il est nécessaire aussi de faire de la théologie et d’interpréter qui est Jésus, mais cela ne servirait de rien si nous n’entretenons pas une relation personnelle avec Jésus, une relation personnelle et vivante. Une relation du quotidien. Il est l’ami auquel, tous les jours, le matin et le soir, et aussi en cours de journée, je m’adresse. Il est mon confident, mon familier, le très proche, l’intime.

Frères et sœurs, le temps liturgique de l’Avent est un temps très favorable à cette expérience du quotidien. Car, le temps de l’Avent est le temps où le Seigneur vient, s’approche, devient tout proche et entre dans notre intimité. Soyons attentifs aux signes de sa venue et de sa présence. Désirons sa venue et sa présence et mettons en oeuvre ce qui rend effectives dans nos vies cette venue et cette présence.