Homélie de la fête de la Toussaint

3 novembre 2019

HOMELIE DE TOUSSAINT

Chaque année, en ce début d’automne, dans la tristesse de la pluie ou la splendeur du soleil, l’Eglise tourne nos regards vers l’accomplissement des temps, vers l’achèvement de toutes choses. Mais, cet accomplissement, cet achèvement, n’a rien d’un déclin ou d’une catastrophe. Au contraire, le panorama est grandiose. Il s’agit de l’immense cortège de tous les saints. Impossible de les nommer tous ! Chacun a son nom, « unique et merveilleux ». Mais ils sont innombrables, innumérables. Ils sont la multitude que nulle créature, ni ange, ni homme, ne peut compter. Dieu seul connaît et le nombre et les noms. Il y a les continents et les races, les peuples et les familles, les conditions et les âges. Il y a les hommes et les femmes, les enfants et les jeunes, les adultes et les vieillards. Tous ! Tous ! Tous ! sont fils d’Adam et frères du Christ !

Dans l’immense cortège, il y a tous les saints, les grands saints et les petits saints. Et c’est ainsi que nous y sommes aussi. Car Toussaint anticipe, Toussaint prophétise, Toussaint dit notre vocation et notre avenir. Et, donc, mon frère, ma sœur, je t’invite à entrer dans l’immense cortège des saints. Laisse ton péché sur le bord de la route comme une vieille nippe. Car, ton péché, ce n’est que le poids de tes habitudes mauvaises. Fais-toi un cœur neuf. Et marche ! Marche ! Au début ce ne sera, peut-être, qu’un pas et puis un autre, et un autre encore, mais, bientôt, ce sera une course. Et le cortège deviendra une danse.

Ce n’est pas de ton bonheur seulement qu’il s’agit, ni même de ta béatitude. Il s’agit de la gloire de Dieu. Si tous sont saints, c’est qu’il n’y a qu’un seul saint : le trois fois saint. Etre saint, ce n’est pas atteindre la perfection de l’homme, c’est être atteint par la sainteté de Dieu. Et cela ne se fait pas au cas par cas, individu après individu, cela se réalise dans l’ascension d’un Peuple. Toussaint, c’est l’Ascension du Peuple de Dieu !

Frères et sœurs, laissez-vous pénétrer de la joie qui saisit le corps tout entier. Que vos cœurs se laissent entraîner vers le haut !

Quand le meilleur de nos désirs, comme une musique puissante, nous tourne vers le haut, quand nos cœurs véritablement s’élèvent, quand, au travers de nos joies et de nos peines, nous percevons l’appel de Dieu, qui se tient au-delà du possible de cette terre, quand, en un mot, nous percevons notre vocation surnaturelle et qu’ainsi nous laissons vivre en nous ce qui est plus grand que nous, alors, dans ces moment d’enthousiasme et de révélation, dans ces instants de foi libre et intense, nous pouvons tout. Nous récusons la triste complainte, la pauvre rengaine, de ceux qui répètent et ressassent, sans raison ni imagination, que « tout s’achève dans un trou ». Alors, nous, nous répondons que nous sommes l’immense cortège des saints et chacun chante l’hymne qui proclame : « Né de la terre, j’ai vocation d’éternité. Fils d’Adam, j’ai Dieu pour Père. Pécheur, je suis de la famille des saints. »

Ayons l’ambition des humbles, de ces jeunes filles que sont Marie et Perpétue, Geneviève et Claire ou Thérèse. Elles ont vécu cachées, dans la discrétion des hommes certes, mais bien plus : cachées dans l’intimité de Dieu. C’est là que tout naît, germe et porte fruit. Frères et sœurs, soyons en désir, en grand désir. N’ayons pas la sainteté mesquine ! Dilatons nos cœurs, faisons place, en nos cœurs, à Celui qui habite le monde, à Celui qui illumine les étoiles et fait du soleil l’astre de midi. Chassons la nuit, entrons dans la lumière. Fêtons les saints et que la fête des saints soit notre fête !