« Dieu est une mère qui a la boule au ventre »

23 février 2019

« A celui qui te frappe sur une joue tends l’autre joue », la phrase est bien connue. Elle est associée à d’autres, tout aussi radicales et imagées. Et, que tout cela soit dans Matthieu ou dans Luc, présenté d’une manière ou d’une autre, même si le contexte change, c’est toujours la même radicalité.

On parle des musulmans radicalisés, mais un chrétien est, par nature, un radicalisé ! Certes, sa radicalité ne consiste pas à mettre des bombes ou à faire des attentats pour tuer, mais un chrétien est, sans conteste, un radicalisé. Il est tout simplement un radicalisé de l’amour.

En vérité, c’est tout le christianisme qui est radical. Un Dieu qui se fait homme et qui meurt sur la croix, un Dieu qui se fait pain et qui veut être mangé, un Dieu dont la miséricorde n’est pas seulement un attribut mais l’essence !

Je vous invite à retenir cela de ce passage : la miséricorde.

Bien entendu, la miséricorde, c’est radical. Jésus dit : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ! » Comme votre Père est miséricordieux ! On va avoir du mal pour y arriver ! Un petit garçon pousse sur ses pieds pour attraper le pot de confiture, mais nous, même en poussant sur les pieds, il va nous être difficile d’être miséricordieux comme Dieu est miséricordieux.

Mais qu’est-ce que la miséricorde ? Dans la Bible, déjà, la miséricorde, c’est très radical. Le mot vient d’une racine qui, en hébreu, désigne l’émotion de la maman quand son enfant est menacé. La boule au ventre ! Frères et sœurs, Dieu est une mère qui a la boule au ventre.

Je porte dans mon cœur une maman qui avant un examen médical pour sa petite fille me disait : « Je suis morte de trouille ». Et dans nos vies il nous arrive d’être bouleversé au plus profond par la détresse de quelqu’un. A vrai dire, cela n’est pas tous les jours, mais il suffit d’une fois pour ressembler à Dieu.

Frères et sœurs, sans doute ne vivons-nous pas ainsi toutes nos relations ou toutes nos rencontres. Mais, il est très grave de fermer son cœur, d’être sans compassion, d’être littéralement sans pitié.

Il est possible que, même devant une grave souffrance, nous ne soyons pas en sympathie avec la personne qui souffre. La personne qui souffre n’est pas nécessairement une « belle personne », sa personnalité, son comportement peuvent nous déplaire, et même nous déplaire fortement, mais, alors, obligeons-nous à la justice. Elle est un frère ou une sœur, elle est un enfant de Dieu et pour elle Dieu est miséricordieux. Veillons à la mesure que nous allons employer pour elle. C’est de cette mesure-là qu’on se servira pour nous mesurer ! Ne soyons pas petits, mesquins, n’ayons pas le cœur ratatiné, soyons généreux et surmontons nos doutes ou nos blocages. Avec la personne avec laquelle nous ne sommes pas en sympathie, soyons en compassion. Soyons justes !

Quand, à l’inverse, nous aimons la personne qui souffre, alors dilatons notre cœur, laissons l’amour parler et agir. Donnons à pleine mesure, comme dit l’évangile : « une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, prête à être versée dans le pan du vêtement ! »

« Donnez et l’on vous donnera », dit l’évangile. Mais donner c’est toujours donner plus que ce qu’on a reçu. C’est l’image du manteau et de la tunique : « A celui qui te prend ton manteau ne refuse pas ta tunique ». L’évangile est une éthique du don, où l’on ne calcule pas, où l’on est bien au-delà du donnant-donnant.

Je conclus ainsi : si nous sommes croyants, c’est parce que nous savons que chacune de nos vies est don de Dieu. Mais, que vais-je faire de ce don qu’est ma vie sinon la donner ? Frères et sœurs, si l’on croit de tout son cœur au Seigneur Jésus, on donne sa vie !

Vous avez tous un papier et un crayon. Vous allez écrire sur le papier le nom ou les noms des personnes qui, autour de vous, sont dans la souffrance ou la détresse et pour laquelle vous voulez offrir la compassion de votre prière. Et puis on passera dans les rangs, comme pour la quête - qui, elle, aura lieu à la sortie de la messe. Cela se fera pendant le chant de l’offertoire et tous ces noms, apportés à l’autel, seront offerts. Amen !