« Que veut dire immaculée conception ? »

8 décembre 2018

Nous fêtons Marie en son «  immaculée conception  ». L’expression est couramment utilisée, mais que signifie-t-elle  ? Je crois qu’il n’est pas inutile de le préciser, on fait facilement des confusions et on reste, encore plus souvent, dans les approximations.

Il faut d’abord très clairement distinguer entre la conception immaculée de Marie, qui concerne donc Marie, et la conception virginale de Jésus, qui concerne Jésus. Dans la conception immaculée, la mère est sainte Anne et Marie l’enfant, dans la conception virginale Marie est la mère et Jésus l’enfant.

La conception virginale de Jésus n’a pas à voir directement avec la conception immaculée de Marie. La conception virginale de Jésus est, en revanche, liée directement au fait qu’il est le Fils de Dieu fait homme. C’est parce que Jésus est le Fils de Dieu que Marie le porte virginalement. En tant que Fils éternel, il a un Père et pas de mère, en tant qu’homme il a une mère et pas de père.

«  Conception immaculée  » veut dire, littéralement, «  sans tache  » : im-«  maculée  ». C’est-à-dire, théologiquement, sans la «  tache  » du péché originel, et donc sans péché. Personnellement, je ne trouve pas très heureux ce terme de «  tache  » pour parler du péché, mais, disons que c’est la tradition et que, par delà le mot, cela a du sens.

On parle de «  privilège  » à propos de cette conception «  immaculée  » de Marie. En ce temps de contestation sociale, «  privilège  » n’est sans doute pas le terme le plus adapté  ! Cela veut dire, en fait, que Marie est la seule créature exempte de tout péché. Jésus, lui aussi, est sans péché, mais, en tant que Fils de Dieu, il n’est pas une créature.

Marie est exempte de tout péché parce qu’elle est la mère du Sauveur, celui qui enlève le péché. Il est capital de bien comprendre que Marie est «  sauvée  », mais sauvée de manière radicale, au point qu’elle est «  préservée  » du péché. Sa conception immaculée vient de l’acte de salut réalisé par son Fils. Pour ainsi dire, elle est sauvée par anticipation et elle est sauvée radicalement. C’est cela son «  privilège  ».

Pour vraiment comprendre, il faut dire que Marie est «  la toute sainte  ». Les Orientaux disent la «  panhagia  ». Dans l’évangile, l’ange la salue en lui disant «  pleine de grâce  » ou «  comblée de grâce  ». Elle est, littéralement, «  pleine  », totalement remplie de la grâce, de la présence divine : il n’y a que de la grâce en elle, et donc aucun péché, aucune trace de péché.

Cette sainteté plénière, totale, s’exprime en son origine, en sa conception  ; sa conception est donc «  immaculée  » et, par paronomase, on va l’appeler l’immaculée conception. C’est ce que fait Bernadette Soubirous à Lourdes. Du fait que sa conception soit immaculée, elle appelle Marie l’Immaculée conception. C’est, en quelque sorte, un jeu de mots.

Mais, parce qu’elle est la toute sainte, Marie n’est pas seulement sauvée en son origine terrestre, elle est sauvée aussi au terme de sa vie terrestre  ; c’est ce que nous fêtons le 15 août avec l’Assomption.

«  Assomption  » n’est pas «  Ascension  ». Il y a l’Assomption de Marie et l’Ascension de Jésus. Jésus monte au ciel - c’est lui l’acteur de la montée, c’est lui monte  ! Marie, elle, est montée au ciel, elle ne monte pas par elle-même, elle est montée par Dieu. Littéralement, elle est «  prise  » : «  assumpta  » en latin. D’où, en français «  assomption  ».

Pour ainsi dire, il faut placer sur la même ligne, au centre de la ligne, la pleine et parfaite sainteté de Marie. Puis, à gauche, vers son origine, sa conception immaculée, et à droite, vers sa fin terrestre, son assomption au ciel.

Par son assomption, Marie échappe à toutes les suites négatives de la mort, qui sont liées au péché. Il y a ainsi comme une symétrie entre sa conception immaculée et son assomption. Mais, la conception immaculée et l’assomption sont en dépendance directe de la pleine et parfaite sainteté de Marie et Marie est pleinement et parfaitement sainte parce qu’elle est la mère du sauveur.

Quel contenu prend le dialogue œcuménique quand on parle de Marie  ?

Disons qu’avec les orthodoxes nous partageons la même foi. Simplement les catholiques, marqués par les controverses sur le péché originel, ont formalisé de manière plus explicite la conception sans péché et l’assomption dans la gloire. Spontanément les orthodoxes préfèrent souligner la pleine et parfaite sainteté de Marie.

Avec les protestants, c’est différent. Ils voient en Marie une sainte femme, une très sainte femme, mais ils refusent l’argumentation à partir de la maternité de Marie, mère du Sauveur. Marie est la mère de Jésus, qui est le sauveur, mais, pour eux, on ne doit pas aller plus loin parce que le Nouveau Testament ne parle ni de conception immaculée, ni d’assomption. Le reproche qu’on peut leur faire est que le refus de donner son plein sans au «  pleine de grâce  », prononcé lors de l’Annonciation, est un purisme qui appauvrit la foi.

J’ai estimé nécessaire cette mise au point théologique. Mais Marie n’est pas un concept  ! Marie est notre mère, notre douce mère, celle que nous prions spontanément dans la communion des saints : «  Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous, paroissiens de Courthézon, pour nos familles et nos proches et, aussi, pour ceux que nous n’aimons pas, et qui sont, aussi, tes enfants.  » Amen.