Homélie du Père Doumas

8 novembre 2021

Homélie du dimanche 7 novembre 2021

Nous venons de lire des paroles éloquentes ! Je les relis : « Il est inévitable que surviennent des scandales, des occasions de chute, mais malheureux celui qui par qui cela arrive. Il vaut mieux qu’on lui attache au cou une meule en pierre et qu’on le précipite à la mer plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul de ces petits que voilà ! » Ces paroles résonnent de manière très particulière alors que les évêques de France sont rassemblés à Lourdes.

Des petits ont été scandalisés, blessés au plus profond d’eux-mêmes et cela de la part de prêtres ou de religieux, et pas seulement quelques-uns ! Plus de 200 000 personnes vivantes à l’heure actuelle en France. C’est énorme et, donc, par-delà la responsabilité de ceux qui ont commis ces actes est engagée la responsabilité de l’Eglise.

Nous ne pouvons pas dire que lorsque nous communions à l’eucharistie nous sommes faits « Corps du Christ » par l’action de Dieu et nier que nous sommes solidaires dans le mal quand le mal prend une telle ampleur. S’il y a un péché du monde, il y a un péché de l’Eglise. Cela ne contredit pas l’affirmation du symbole que l’Eglise est sainte, car l’Eglise n’est pas sainte du fait de ses membres, mais du fait de sa tête. Dire que l’Eglise est sainte, c’est dire que l’Eglise est l’Eglise du Christ. Et si Jésus a été livré aux mains des pécheurs, l’Eglise aussi !

Bien sûr aucun de nous n’est, personnellement, coupable de pédophilie ou même de non-dénonciation. C’est collectivement que notre responsabilité est engagée. Nous sommes concernés parce que nous appartenons à l’Eglise. Mais cela ne nous dédouane pas. Nous avons à assumer les conséquences de ce péché.

Sans doute l’Eglise de France organisera-t-elle une démarche pénitentielle, une reconnaissance de son péché et une demande de pardon. De toutes manières, nous le ferons ici à Courthézon. Il y a cette conversion, fondamentale, et absolument nécessaire. Mais il y a, aussi, la question de la réparation et plus précisément de la réparation financière.

Il y a une nécessité à cela. Il faut le dire et en même temps nous savons bien qu’aucune réparation matérielle ne peut effacer le mal commis, qui est d’un autre ordre. Ce qu’on a volé par les crimes commis contre les enfants est à jamais perdu. Par ailleurs, comment organiser une telle réparation financière ?

On a dit que les fidèles ne devaient pas payer. Cette réaction est compréhensible. Les évêques et les prêtres sont les premiers concernés et ils doivent contribuer, mais si l’on s’en tient à la seule contribution des évêques et des prêtres financièrement cela n’ira pas loin ! Et, d’ailleurs, on dit que c’est l’Eglise comme telle qui doit payer. Mais du coup l’Eglise c’est nous tous ! Les biens de l’Eglise ne sont pas la propriété des évêques et des prêtres, mais de tous et ils se sont constitués grâce aux dons, multiformes, des fidèles. Par exemple, notre maison paroissiale n’a pas été achetée par la Paroisse, mais reçue en legs. Et ce n’est pas un cas particulier, l’immense majorité des biens fonciers de l’Eglise ont pour origine des legs.

Par ailleurs, nous le savons bien, notre situation financière est difficile. Certes, au niveau de la Paroisse, on n’est pas dans le rouge et on envisage des travaux à la maison paroissiale, mais vous êtes au courant, sinon dans le détail, mais du moins pour l’essentiel, des difficultés de notre diocèse. On peut douter qu’il puisse beaucoup !

En fait, je n’ai aucune idée sur la manière dont cela pourra s’organiser. Nous attendrons les décisions de l’évêque et nous nous concerterons en Conseil économique. De même le Conseil pastoral s’exprimera sur le fond. Et, bien sûr, vous serez informés et vos avis seront sollicités.

Pour conclure, je reviens sur les paroles de Jésus. Spontanément on pense que la meule attachée au cou est une sanction pour celui qui a scandalisé un « petit ». Mais, le texte ne dit pas ça. Le texte est prévenant, Jésus décrit un acte préventif : « Qu’on le précipite à la mer plutôt qu’il ne soit une occasion de chute pour un seul de ces petits que voilà ! » Pour Jésus, ce qu’il faut absolument éviter, c’est la « chute d’un petit ». Et c’est là que les décisions de l’Eglise doivent être radicales. Amen.