Homélie : Zachée

17 novembre 2019

du dimanche 17 novembre 2019

Jésus entre dans Jéricho. C’est une ville importante, qui se trouve dans la vallée du Jourdain. On va de Jéricho à Jérusalem.

Jésus traverse donc la ville. Et c’est un grand succès. Beaucoup de gens veulent le voir et l’entendre. Parmi eux, un petit bonhomme : Zachée. Il est tellement petit que même sur la pointe des pieds il n’a aucune chance de voir Jésus. La foule l’en empêche. Alors, voulant absolument voir Jésus, il court en avant et monte dans un arbre, un sycomore précise l’évangile et il attend que le cortège arrive.

Zachée est un collecteur d’impôts, et même un chef de collecteurs d’impôts. Autrement dit, il est votre percepteur. Mais sans doute n’avez-vous jamais vu votre percepteur dans un arbre ! Zachée, lui, n’a pas son attaché-case, mais il est très reconnaissable. Et ça dû faire rire Jésus, qui se dit : « Celui-là, je vais me le payer ! »

De fait, Jésus arrive au pied de l’arbre de Zachée et, très directement, il lui dit : « Zachée, descends vite. Aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer dans ta maison ! » Jésus ne se gêne pas. Il s’invite comme ça, sans aucun préalable. Il m’arrive de me faire inviter par mes amis, mais jamais je n’ose dire à quelqu’un que je croise dans la rue : « Je m’invite chez vous ». Jésus, lui, le fait !

Et, donc, Zachée dégringole de l’arbre et, tout de suite, on va vers la maison de Zachée. Zachée doit se dire : « Qu’est-ce que je vais lui faire à manger » ? Jésus, lui, n’a pas cette préoccupation. Zachée est riche. Il mangera bien ! Mais, voilà que la foule qui était venue acclamer Jésus se retourne contre lui. On se dit : « On était venu acclamer un prophète - c’était peut-être même le messie ! Et voilà qu’il va manger chez cette ordure de Zachée, qui s’est enrichi au détriment de tout le monde. Pire, il est un percepteur juif, qui prélève l’impôt sur nous, les Juifs, le Peuple de Dieu, en faveur des Romains, ces païens qui occupent notre pays : un malhonnête et un traitre. Un collabo !

On attaque donc Jésus, mais Jésus ne réagit pas. Quand il le veut, il sait faire. Il sait répliquer et avec vigueur. Son revers de fond de court est prodigieux. Mais, là, il laisse faire. En fait, il est sûr de son coup. Zachée est un poisson qu’il a bien harponné et qui va réagir - Jésus en est sûr - comme il l’a prévu. Et, de fait, tout de suite Zachée prend la défense de Jésus. « Debout », dit l’évangile : remarquez bien ce « debout », qui est évident : Zachée n’est ni couché, ni assis, ni à genou ! Debout, donc, face à la foule, il déclare à Jésus : « Voici, Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et si j’ai fait du tort à quelqu’un je vais lui rendre quatre fois plus ! » Donner la moitié de ses biens, c’est beaucoup, mais donner quatre fois plus que ce qu’on a volé, c’est énorme. Il ne va pas rester grand-chose de la fortune de Zachée et, en définitive, il se pourrait que Jésus jeûne : plus rien à manger !

Et c’est alors que Jésus, tranquillement, avec un petit sourire en coin, dit à la foule : « Aujourd’hui le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham ». La foule avait rejeté Zachée du Peuple de Dieu. Il n’était plus digne d’être considéré comme un fils d’Abraham ! Mais, voilà que Jésus le rétablit : « Lui aussi est un fils d’Abraham ».

Dans ce récit il y a une magistrale démonstration de Jésus. De bout en bout il tient le fil des événements. Mais, ne nous contentons pas d’admirer le maître. Cela va tellement plus loin ! Nous aussi nous montons dans nos arbres. Nous montons « pour voir », sans nous engager. Sur l’arbre on est en haut et on se croit à l’abri. Mais, si Jésus passe, il va lever les yeux vers nous et il va nous dire : « Descends ». Et là c’est à nos risques et périls. Tout alors peut arriver. Notre vie peut basculer et nous allons découvrir que nous sommes capables de beaucoup de remises en question. Mais, alors, nous serons vraiment nous-mêmes : de vrais fils d’Abraham ! Amen.