Homélie du Père Doumas

28 décembre 2020

Homélie du dimanche de la sainte famille. 27 décembre 2020

Sans doute Joseph était-il plein de délicatesse envers Marie. Et Marie, pleine d’attention pour Joseph. Car, on ne peut pas douter de l’amour qui les unissait et que cet amour avait sa source dans leur amour pour Dieu. De même Jésus a certainement été un enfant heureux. Il a été entouré de parents soucieux de lui transmettre le meilleur de ce qu’ils avaient reçu. On pense, en particulier, aux paroles de la prière, à ces psaumes que Joseph et Marie connaissaient par cœur et que Jésus ne cessera de méditer.

Mais, l’évangile ne nous décrit pas la vie familiale vécue à Nazareth. Tous les événements de l’enfance de Jésus se passent en Judée et non en Galilée, soit à Bethléem, soit à Jérusalem. Alors comment la « sainte famille » - c’est le terme consacré – peut-elle être pour nos familles un modèle ?

Un aspect majeur de la vie familiale est la relation des frères et sœurs et Jésus est enfant unique ! Pour parler de la fraternité, il faudra ajouter, emprunter ailleurs. Mais, la Bible ne décrit pas de manière heureuse les relations de frère à frère. Cela commence très mal avec Caïn et Abel, ça ne s’améliore guère avec Jacob et Esaü et les frères de Joseph, après avoir renoncé à le tuer, le vendent comme esclave ! Il est vrai que, bien plus tard, Joseph leur pardonnera et les accueillera en Egypte.

Cependant un jour Jésus, alors que Marie et ses frères : disons les plus proches membres de sa famille, veulent le voir, saisit l’occasion et déclare : « Qui sont ma mère et mes frères ? » Et il désigne du geste ceux de ses disciples qui sont devant lui en disant : « Ma mère, mes frères, ce sont ceux qui font la volonté de mon Père ! » Ainsi, loin de disqualifier sa famille, il fait de nous sa famille - si nous faisons la volonté de son Père.

Il y a donc l’enseignement de l’Eglise sur la vie familiale. Il est très riche et plein de sens. Je vis cela avec mes équipiers de mon équipe Notre-Dame. Avec moi, il y a quatre couples, qui se réunissent mensuellement pour prier, échanger sur leur vie, réfléchir et faire le point sur leur vie conjugale et familiale. Nous avons de belles rencontres ! Mais, Jésus, paradoxalement, prend les choses à l’envers. Il n’évangélise pas la vie familiale, mais il fait de la vie familiale un modèle pour l’évangile, pour la vie en Eglise.

Spontanément, un prédicateur s’adresse à l’assemblée en disant à tous : « frères et sœurs ! » Ce peut être une simple habitude de langage, une formule passe-partout, mais en fait elle renvoie à l’identité la plus profonde de notre vie en Eglise. Nous sommes une fraternité. Et c’est si vrai que c’est nous, les chrétiens, qui avons inventé le mot même de « fraternité ».

La République française l’a accolé à liberté et à égalité. Il y a là, même chez les plus laïques, un bel hommage à la foi chrétienne ! Mais la fraternité républicaine ne désigne ni le père, ni la mère qui pourtant sont indispensables à une véritable fraternité. Nous chrétiens nous désignons le Père, qui est la source de la fraternité parce que nous formons, grâce à Jésus, une véritable « sainte famille ».

Je vous dis donc : « frères et sœurs » ! Oui, frères et sœurs ! Vivons cette fraternité, de manière très simple et très concrète. Soyons toujours bienveillants les uns envers les autres, attentifs à chacun, prompts à rendre service et à nous soutenir dans les difficultés de la vie. Et quand en sortant de l’église nous prenons le petit papier où est inscrit le nom de l’un d’entre nous sachons inscrire au quotidien des jours la prière pour le frère ou la sœur qui nous a été ainsi désigné. Car, le lien qui unit notre famille chrétienne est le lien spirituel qui fait de Jésus l’un d’entre nous et qui nous fait prier sa mère, la Vierge Marie, qui ne cesse d’intercéder pour nous tous. Amen.