Fête des défunts

2 novembre 2018

La mort crée la séparation. C’est la séparation, qui fait notre peine.

Nous avons vécu avec les nôtres, les membres de nos familles, cela s’est tissé au long des jours. C’était quotidien et cela a pu durer des décennies. Avec mon père, avec ma mère, avec mon conjoint. Ou mes frères et soeurs. Il arrive que la séparation concerne un enfant ou un petit enfant. Plus ordinairement un grand-père ou une grand-mère. Mais ce peut être aussi un ami ou une amie, connue depuis l’enfance ou plus tard.

La séparation crée un vide, une rupture. Elle provoque une grande souffrance et cette souffrance ne s’efface pas. C’est mon cœur qui est blessé et cela ne cicatrise pas. Au jour des funérailles, j’avais dit : «  Je ne t’oublierai pas  » et c’est ton souvenir qui ne m’oublie pas  ! Cependant, les jours passent et je peux envisager la rencontre avec toi par-delà ma propre mort. J’imagine nos retrouvailles - moment de joie et de bonheur  !

Certains nient toute vie après la mort. Pour eux tout finit dans un trou Du coup ils ne peuvent se consoler qu’avec leurs souvenirs, qu’avec le passé - puisqu’il n’y a pas d’avenir. Et, certes, notre souvenir, qui fait notre fidélité, dit notre dignité d’homme, mais que produit, par lui-même, le souvenir  ? Il rend présents les moments heureux du passé, mais, en fait, il ravive la souffrance de la séparation. Car, en rien, il ne peut faire vivre celui dont on fait mémoire en sorte que si celui dont nous faisons mémoire n’est pas vivant par-delà la mort, notre souvenir, ne concerne que nous. Se souvenir n’est, alors, que se parler à soi-même. C’est seulement si l’autre est vivant que notre souvenir devient parole que nous adressons à un autre. Alors, oui  ! il y a, réellement, un lien, une relation.

En vérité, seul Dieu est source de vie, de celle dont nous vivons aujourd’hui et de celle dont nous vivrons par-delà notre mort. Tout prend sens par Dieu. C’est Dieu qui nous arrache au néant de la mort et c’est lui qui nous rassemble avec nos proches par-delà la mort.

Quand les chrétiens disent qu’ils croient en la résurrection de la chair, ils ne pensent pas à une réalité matérielle, mais ils ont la certitude que les liens tissés tout au long de notre vie sur la terre seront reconstitués par-delà la mort à cause de la puissance et de la tendresse de Dieu pour nous. Car, la vie avec Dieu est retrouvaille avec nos proches.

C’est cela que nous célébrons ce soir. Nous proclamons notre foi en la victoire de Dieu sur la mort et en sa puissance de vie, qui nous réunira, par-delà notre mort, à ceux que nous avons aimés et que nous aimons encore  ! Amen.