Homélie Pentecôte

30 mai 2020

Nous sommes au terme des sept semaines, du temps pascal, le temps de la perfection, le temps du salut qui vient de la Croix et de la Résurrection. Et c’est ainsi que nous venons de lire le récit de Pentecôte - le récit de la Cinquantaine, où les Apôtres sont baptisés dans l’Esprit Saint.

Aussitôt ils proclament la Bonne Nouvelle. Ils sortent du confinement de la salle haute, où la peur les retenait, et ils proclament « les merveilles de Dieu ». Tous ceux qui sont là et qui entendent, même ceux qui sont venus de loin et parlent d’autres langues, tous demandent : « Que faut-il faire ? » La réponse est immédiate : « Recevez le baptême »

C’est étonnant ! Jésus a été baptisé par Jean, mais par la suite il n’a baptisé personne. Et voilà que ses disciples, immédiatement, dès la première annonce de sa Résurrection, répondent : « Recevez le baptême ! » En réalité, Jean n’avait baptisé que d’un baptême d’eau. Désormais, le baptême n’est plus seulement plongée dans l’eau, mais immersion dans l’Esprit. Plus exactement : l’Esprit est comme déversé et inonde, littéralement, ceux qui le reçoivent. L’image n’est pas celle du bain, mais de la douche !

Je vous invite à méditer sur l’Esprit Saint. Faisons-le comme le fait la Bible : en pénétrant le sens des images. Deux images sont données dans le récit de Luc : celle du vent et celle du feu.

L’Esprit est comme un vent, qui souffle - avec puissance et parfois même en tempête. Le vent peut être désastreux et le mistral pénible et froid ! Mais, lorsque l’Esprit est vent, il nous revient, à nous, d’être des navires qui hissent haut leur voile et qui, ainsi, sont capables de quitter le port et de faire de grandes traversées. L’Esprit est, aussi, comme un feu. Plus encore que le vent, il peut être destructeur. Mais, le feu de l’Esprit est un feu d’amour ! Le chrétien est appelé à brûler d’amour. Pour Dieu, pour ses frères, pour tout homme. Et nous le savons bien, le buisson ardent ne se consume pas.

Le vent, le feu sont des images fortes. Presque violentes. Je vous propose une autre image, toute en douceur, celle de l’huile ; car, au baptême, si l’eau est versée, l’huile est déposée.

« Christ » signifie « celui qui a reçu l’onction » - pas seulement d’huile, mais d’Esprit Saint. Jésus est le « Christ » parce qu’il est tout entier pénétré de l’Esprit Saint. Et nous devenons chrétiens par ce même Esprit Saint.

L’eau glisse sur la peau et entraîne la crasse, image du péché et de la mort. L’huile, à l’inverse, pénètre doucement et jusqu’au profond. Elle adoucit, elle assouplit et elle donne éclat et force, vigueur et beauté. Sans l’Esprit Saint, nous nous desséchons, nous nous racornissons, nous finissons par ressembler à des figues sèches ! Mais, si nous faisons l’expérience de l’Esprit, si nous le laissons pénétrer dans l’intime de nos cœurs, s’il vient jusque dans les interstices les plus secrets de nos coeurs, nous faisons l’expérience de la paix, de la joie et nos cœurs découvrent à neuf l’amour.

Les apôtres étaient confinés et l’Esprit les a fait sortir. Et parler ! Ils ont proclamé à tous ceux qui étaient rassemblés à Jérusalem pour la grande fête de Pentecôte, Chavouot en hébreu, que Jésus avait vaincu la mort, pour lui et pour l’humanité entière. Et beaucoup ont adhéré à leur parole et ont reçu le baptême.

Nous aussi, en ce dimanche de Pentecôte, nous sommes « déconfinés ». Nous avons pu nous rassembler et célébrer le don de l’Esprit Saint. Certes, ce déconfinement n’en est qu’à ses premières étapes, mais profitons de cette situation pour annoncer, comme les apôtres, ce qui nous habite et nous fait vivre.