Homélie du Père Doumas

12 juillet 2021

Homélie du dimanche 11 juillet 2021

Jésus organise la mission. Il envoie les Douze. Il les envoie deux par deux. Cela fait donc six paires de missionnaires. Ce n’est pas beaucoup ! Mais, le texte est riche de détails. Il leur prescrit de ne rien prendre pour la route : pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans la ceinture. Ils mettent des sandales, mais n’ont pas de tunique de rechange. Ils ont aussi un bâton pour la marche.

Manifestement les envoyés de Jésus ne font pas étalage de richesses. Mais, l’insistance n’est pas, à proprement parler, sur la pauvreté du missionnaire. L’accent est, en fait, sur sa légèreté. Le missionnaire ne doit pas être encombré et pouvoir marcher librement. Le thème essentiel est que l’on se déplace, que l’on va d’un endroit à un autre, d’un village dans un autre village. Le propre de l’évangile est d’être transmis.

A la limite peu importe que l’on soit entendu ou bien accueilli. S’il le faut, on secouera la poussière de ses sandales. L’important est que l’annonce soit faite et partout !

Par ailleurs, nous avons là un texte très marcien, avec l’insistance sur l’expulsion des démons. C’est la première chose qui est dite : « Il leur donna autorité sur les esprits impurs » et à la fin du texte il est dit : « Ils expulsèrent beaucoup de démons. » Le contexte explique cela et nous n’avons pas à nous demander si aujourd’hui nous avons à pratiquer quotidiennement l’exorcisme. En fait, dans le texte de Marc, aux exorcismes sont associées les guérisons : « Ils faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les guérissaient ». Mais, le passage décisif est dans l’affirmation : « Ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir ».

Et là est pour nous le problème. Nous avons beaucoup de mal à annoncer l’évangile. A peine avons-nous le courage de témoigner, de dire : « Pour moi, c’est important » ou, simplement, de dire : « Moi, je vais à la messe ! » Développer le propos, argumenter et contredire, est rarement de notre fait. Aujourd’hui, chez nous, sur notre terre laïcisée de France, l’annonce est devenue renonce !

Ce n’est guère contestable. Les églises se sont vidées. Les curés ont mis beaucoup du leur pour obtenir ce résultat, mais les fidèles n’ont rien fait pour compenser. Un chrétien d’aujourd’hui est un taiseux !

Mais, pourquoi nous taisons-nous ? Le manque de courage est sans doute une part de l’explication. Mais, il y a autre chose, de bien plus décisif et le texte de Marc nous en donne la clef.

Marc écrit : « Ils partirent et proclamèrent qu’il fallait se convertir ». La prédication des apôtres n’est pas une simple proposition, qui consisterait à dire : « Vous savez, ce serait bien que vous receviez l’évangile. C’est super, l’évangile et Jésus, il est génial ! » Les apôtres ne proposent pas la foi comme une option possible. La foi n’est pas pour eux un arrêt facultatif sur la ligne de bus. Ils disent carrément et sans nuance : « Il faut se convertir ».

C’est ce dont nous n’avons plus la conviction : la nécessité de se convertir ! Nous disons : « Ce serait bien que tu ailles à la messe », mais nous ajoutons : « Si tu n’y vas, ce n’est pas grave, ça ne t’empêcheras pas d’être un brave homme pendant la semaine ! »

Eh bien, frères et sœurs, il est grave de ne pas croire, il est grave de ne pas se convertir et il est grave que nous ne disions plus qu’il faut se convertir. A cause de ce respect humain, tout s’amollit, se flageolle et se ratatine dans notre foi. Si la foi concerne l’essentiel de nos vies, il est essentiel de croire !

Cela ne veut pas dire qu’on va condamner à l’enfer ceux qui ne deviennent pas croyants. Il ne faut pas confondre interpellation et menace, il ne faut pas confondre annonce de la foi et intolérance. Nous ne sommes pas des témoins de Jéhovah et nous n’allons pas poser des bombes. Mais, quand nous parlons, disons la vérité de l’évangile.

Jésus a commencé son ministère en proclamant : « Convertissez-vous et croyez à l’évangile ! » C’est toujours cela le commencement de l’évangile. On n’est jamais dans les peut-être ben que oui, peut-être ben que non. Jésus dit que : « que votre oui soit oui, que votre non soit non ». Certes, il y a des situations complexes et qui exigent des propos nuancés, mais sur le fond, toujours, il y a l’exigence fondamentale de la conversion. Amen.