Homélie

13 mai 2019

« Mes brebis écoutent ma voix ». La voix est un signe de reconnaissance très important.

Le téléphone a bien des avantages. Il a l’avantage, en particulier, de mettre en valeur la voix comme signe de reconnaissance. La voix est très personnelle, tout aussi personnelle que les traits du visage ; elle fait partie de la personne.

Quand on aime une personne, on aime sa voix, on aime entendre ce qu’elle dit, mais on aime, d’abord, le son de sa voix, reconnaissable entre mille. Il y a le charme particulier de la voix aimée, comme il y a son « génie », c’est-à-dire sa particularité comme personne, unique et délicieuse.

Ordinairement, on ne dissocie pas la voix, on prend la personne dans sa totalité, mais il est bon de faire l’expérience d’entendre sans voir !

Les brebis écoutent la voix du Pasteur. Car, la voix du Pasteur ne ressemble à aucune autre. Tout de suite elle touche en elles le cœur, elles l’aiment car elles se savent aimées : « Mes brebis écoutent ma voix et moi je les connais ».

Il les connait chacune par son nom, chacune par sa voix. De même, en effet, que les brebis connaissent la voix du Pasteur, le Pasteur connaît la voix des brebis.

Cela ne se vit pas de manière statique : « Mes brebis écoutent ma voix, moi je les connais et me suivent ! » Le Pasteur est devant, en avant ; il marche et elles suivent. Il ouvre la route et elles prennent le chemin.

Le chemin n’est pas n’importe quel chemin, il est le chemin de la vie. Le pasteur donne « la vie éternelle ». Et c’est bien précisé : « Jamais elles ne périront ».

Mais, à nouveau, ce qui est dit, c’est le lien entre le Pasteur et les brebis : « Personne ne les arrachera de ma main ». Il peut y avoir des tentatives de rapt ou d’enlèvement. Le voleur peut surgir. Il peut vouloir se saisir des brebis ou de telle ou telle. Mais, il n’y arrivera pas !

Cela est dit de manière particulièrement solennelle : « Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout et personne ne peut les arracher de la main du Père. »

Car le Pasteur a un Père ! Et la filiation entre le Père et le Pasteur n’est pas commune : « Le Père et moi, nous sommes un. » Il ne s’agit pas d’un simple accord des volontés, ni même de l’unité de cœur. La théologie dira, bien plus tard, qu’il y a une unité « substantielle » entre le Père et le Fils : deux personnes, mais une seule « substance ». En disant cela, on dit que le Père et le Fils sont Dieu..

Frères et sœurs, être chrétien, c’est bien sûr, adhérer à un certain nombre de « vérités ». On ne peut pas être chrétien si l’on ne dit pas que Jésus est né de la Vierge Marie ou qu’il est ressuscité trois jours après sa passion, mais la vie chrétienne dépasse la confession de foi, elle est cette vie que produit la voix du Pasteur. Quand je le reconnais à sa voix et que je marche à sa suite, là je suis chrétien.

Pour certains la vie est sans direction, sinon celle que produit l’accumulation des années, qui fait que jeune pendant un certain temps je deviens vieux. Mais, pour le chrétien, la vie a véritablement un but et, du coup, la vie est désir. J’ai le désir du but !

La brebis a le désir des verts pâturages ! Elle est certaine que le Pasteur y conduit. Il passe devant et conduit aux verts pâturages !

Le chrétien a le désir de la vie éternelle. Elle n’est pas pour lui la simple résolution du drame de la mort - comme s’il fallait, absolument, qu’après la mort, il y ait « autre chose ». Non ! Le chrétien désire la vie éternelle parce qu’elle est la vie en Dieu, parce qu’elle est le désir au-delà de tout désir.

Je ne désire pas mourir ! Mais, je désire rencontrer Dieu. Je désire les verts pâturages où me conduit mon Pasteur. Non seulement il est le seul qui y conduit, mais c’est lui qui suscite en moi le désir. Quand les brebis « écoutent » la voix du Pasteur, c’est cela, c’est l’éveil du désir !

Frères et sœurs, laissons retentir en nos cœurs la voix du Pasteur, qu’elle éveille en nous le désir des verts pâturages, de la vie qui n’est que vie, qui n’est que paix et joie, de la vie avec lui ! Amen !