Homélie

10 octobre 2020

Nous venons d’entendre la parabole des invités. Cette parabole, nous venons de la lire dans saint Matthieu. On la trouve, aussi, dans saint Luc. Mais, aussi, dans l’évangile apocryphe de Thomas et il y a dans le Talmud un récit qui en est très proche. Ainsi, ce texte a servi dans différents contextes.

Bien entendu, il n’est pas possible dans une homélie d’analyser ces contextes et d’entrer dans les complications de l’enquête exégétique. Je résume la parabole et je m’en tiens à l’essentiel : un homme décide d’offrir un repas, mais les invités refusent. Dès lors, il est logique de penser que le repas sera perdu. Eh bien non ! D’autres vont venir consommer et rien ne sera perdu.

Peu importe l’origine du récit - Jésus n’en est peut-être pas l’inventeur. Ce qui importe, c’est l’enseignement, si vous préférez, la « pointe » de cette parabole. Elle apparaît, me semble-t-il, très clairement : les hommes refusent le projet de Dieu, mais cela n’empêche pas Dieu de le réaliser.

Cela peut nous paraître surprenant. Et, de fait, cette parabole appartient à ce qu’on pourrait appeler « les paraboles paradoxales » - comme celle dite des ouvriers de la onzième heure, que nous avons lu récemment. Mais, n’avons-nous pas entendu, récemment aussi, Dieu déclarer par le prophète Isaïe : « Vos pensées ne sont pas mes pensées. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres. »

En réalité, frères et sœurs, que Dieu réalise son projet malgré les refus des hommes, cela est au cœur de notre foi.

Il est au cœur de notre foi que Dieu ne se décourage pas, ne se lasse pas, que rien ne le détourne de son œuvre d’amour. Comme le dit Jésus dans l’évangile de saint Jean : « Mon Père travaille ! » Inlassablement. Dieu travaille comme le travailleur, il travaille aussi comme la femme qui est en travail d’enfantement. Les conditions sont difficiles, les obstacles innombrables. Il n’empêche, le monde nouveau vient et rien ne l’empêchera de venir !

Certes, nous avons bien des motifs de douter ! Le monde contemporain ne nous aide guère à discerner les signes du Royaume qui vient. Mais, notre espérance n’est pas de l’ordre de l’optimisme, opposé au pessimisme. Notre espérance est confiance en Dieu. Elle dépasse, de toutes parts, prévisions et pronostics. Elle a sa source dans l’amour que Dieu a manifesté tout au long de la Révélation et qui culmine dans la croix de son Fils.

Car, la croix est le signe de notre espérance. Les hommes en ont fait le comble des péchés en tuant le Fils de Dieu, Dieu en a fait la source du salut en y proclamant l’abolition des péchés !

Nous pouvons avoir le sentiment que l’homme s’acharne à pécher et à pécher encore, mais, inlassablement, Dieu retourne le péché de l’homme et s’en sert : oui, il s’en sert ! pour réaliser l’unique projet, conduire l’homme à la table du festin du Royaume.

Ré-écoutons Isaïe : « Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera pour tous les peuples un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes de tous les visages et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. C’est lui qui le promet ! »

Bien sûr, en grand poète, le prophète utilise des images, qui ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Mais, l’annonce du salut est sans réserve. Dieu ne mesquine pas ! Le salut est large et riche, il s’adresse à tous et l’on ne discernera plus les invités de la première heure et ceux de la dernière heure.

Frères et sœurs, à cause des difficultés sanitaires et économiques, nos concitoyens perdent confiance en l’avenir. Mais, nous, chrétiens, nous avons mis notre foi dans le Dieu indéfectible, qui, malgré tous les refus, annonce son Règne.