Homélie du Père Doumas

2 janvier 2021

Homélie du dimanche de l’épiphanie, 3 janvier 2021.

Quand, au IVe siècle, le désir est venu de célébrer la naissance de Jésus, l’Occident et l’Orient ont divergé sur les dates. L’Occident a choisi le 25 décembre, la fête du Sol inuictus¸ du soleil victorieux, qui repousse les ténèbres : ce jour-là le soleil se lève plus haut sur l’horizon. L’Orient, lui, a choisi le 6 janvier. Mais, Occident et Orient ont échangé leurs dates et nous fêtons la naissance de Jésus le 25 décembre et la venue des mages à l’épiphanie.

En fait, au départ, ce n’est pas la naissance de l’enfant qui est célébrée - cela prendra vraiment son essor au Moyen Age – mais l’entrée du Fils de Dieu dans le monde, sa manifestation. Qui se dit, en grec, « épiphanie ».

Dieu s’est manifesté ! Il est entré dans le monde, dans son monde, le monde qu’il avait créé. Ainsi, il n’est pas venu en étranger, ni incognito : aussitôt les anges chantent la gloire de Dieu et proclament aux bergers : « Paix aux hommes que Dieu aime ». Et grâce à l’étoile les mages, qui représentent les nations, lui apportent les trésors de la terre : l’or, l’encens et la myrrhe.

Dieu s’est manifesté, il est venu dans son monde, qu’il avait créé, Cependant, si quelques uns l’ont reconnu, beaucoup l’ont méconnu et certains l’ont persécuté. Hérode a fait tuer les enfants de Bethléem.

Aujourd’hui, comme hier, Dieu se manifeste, mais que font les hommes de cette manifestation ? On dirait qu’ils se bouchent les oreilles et qu’ils détournent le regard. En fait, ils ne veulent ni entendre, ni voir. Ils ferment leur cœur et leur intelligence. Pourquoi ? Pourquoi ? Ont-ils peur de ce Dieu qui les aime ? Craignent-ils qu’à cause de lui, s’ils reçoivent son message, ils soient obligés de changer de vie ? Sans doute est-ce là une raison majeure !

Et, de fait, Jésus proclamera la bonne nouvelle en disant : « Convertissez-vous ! » La bonne nouvelle annonce un changement, elle proclame la terre nouvelle et les cieux nouveaux, mais elle appelle au changement du cœur de l’homme, à sa conversion. Et nous n’aimons pas nous détourner de nos propensions et de nos penchants, de nos habitudes et de nos addictions !

Certes, avec la modernité, l’homme prétend innover tous les jours. Combien de révolutions n’avons-nous pas vécu ? Depuis le passage de la pierre taillée à la pierre polie, que de transformations techniques, que d’inventions et d’innovations ! Sans doute les jeunes générations sont toujours plus à l’aise avec le « progrès » que les plus anciennes, mais nous sommes tous embarqués dans le même bateau des bouleversements technologiques !

Mais quand il s’agit de la manifestation de Dieu, au lieu d’adhérer au neuf, nous nous cramponnons à l’ancien, à la vétusté de nos cœurs. Car, c’est cela que révèle en premier la manifestation de Dieu : la vétusté du cœur de l’homme !

En fait, Dieu est venu nous rajeunir. Le Christ redonne sa jeunesse à notre cœur, il renouvelle notre intériorité, il fait de nous des êtres nouveaux.

Frères et sœurs, en ce début d’année nouvelle, je vous invite à accueillir au profond de nos cœurs la nouveauté de Dieu, sa force de renouvellement. Laissons-le transformer nos cœurs, que nos grognoneries cèdent la place à l’émerveillement et à la louange. Car, Dieu est beau et lorsqu’on l’accueille dans sa vie on chante et on danse. Le prophète proclame « Debout ! Jérusalem. Resplendis ».

Frères et sœurs, soyons, ici, dans notre village de Courthézon, en ce jour où nous célébrons la manifestation de Dieu, le resplendissement de Dieu ! Amen !