Homélie de la fête de Pâques

22 avril 2019

Au surlendemain de la mort de Jésus, le dimanche, le premier jour de la semaine, le jour du soleil : en anglais on dit « sun-day », en allemand « sonn-tag », Marie Madeleine se rend au tombeau. Elle est attirée par ce lieu où on a déposé son Seigneur. Elle croit, tout naturellement, que le corps de Jésus est encore là. Un cadavre, sans doute, mais Jésus quand même ! Cependant, tout de suite, elle voit que la pierre est enlevée. Et elle court trouver Pierre et celui que l’évangéliste appelle « l’autre disciple », celui que Jésus aimait.

A leur tour ils courent. L’autre disciple court plus vite que Pierre et arrive le premier au tombeau. Il n’entre pas. Il laisse ce rôle à Pierre. Cependant, il se penche et voit les « linges posés à plat ». Quand Pierre arrive, il entre. Des détails sont, alors, donnés par l’évangéliste sur les linges ; il parle du « suaire qui avait entouré la tête de Jésus ». Mais, rien n’est dit de ce qu’éprouve Pierre.

A la suite de Pierre, le disciple entre dans le tombeau. Et tout de suite il y a cette phrase décisive : « Il vit et il crut ». Il nous faut méditer ce « il vit et il crut ».

C’est immédiat : il voit et il croit. On pourrait penser à un raisonnement, à quelque chose comme : « Si les linges ne contiennent plus le corps de Jésus et sont affaissés sur eux-mêmes, c’est qu’on n’a pas retiré le corps des linges et que, donc, le corps de Jésus a été transformé, qu’il est ressuscité ». De fait, le signe est donné. Mais, je ne pense pas que la foi du disciple soit un raisonnement. Elle est un basculement, une adhésion de sa personne. Bien plus que sa raison, c’est son cœur qui croit ! Et cette foi du disciple qui voit et qui croit prépare la béatitude finale de l’évangile, lorsque Jésus dira à Thomas : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! »

Frères et sœurs, nous n’avons pas « vu » ! Aucun de nous n’est allé au tombeau de Jésus le matin de Pâques et si on y va aujourd’hui on ne voit pas grand-chose, sinon ce que les hommes ont construit dessus ! Et qui, le plus souvent, déçoit. Ou même choque. Mais, alors, quel est le fondement de notre foi ? D’où vient que nous croyons ?

La foi naît du témoignage. Il y a, fondamentalement, le témoignage extérieur, celui qui nous parvient au travers nos vingt siècles d’histoire. De génération en génération, les chrétiens se sont transmis l’attestation initiale, celle des apôtres. Et nous savons que leur témoignage est fondé. Ils ont donné leurs vies pour témoigner que Jésus, leur Seigneur, est vivant, qu’il a franchi les limites closes de la mort et qu’il est ressuscité. Et cela nous le confessons en disant que l’Eglise repose sur les apôtres : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise. »

Ce témoignage est solide et il a pleine valeur au tribunal de l’histoire. Cependant, si fondamental qu’il soit, il n’est pas décisif. Car, au témoignage extérieur est lié le témoignage intérieur, celui de l’Esprit Saint.

C’est lui qui atteste en nos cœurs que Jésus est vivant. Sans cette action de l’Esprit Saint, nos esprits d’homme resteraient hésitants, perplexes sans doute, mais incapables d’une vraie décision. C’est l’Esprit Saint qui donne « assurance », cette « paressia » dont parlent les évangiles et les Actes des apôtres.

Pentecôte, le jour où saint Luc décrit le don de l’Esprit Saint aux apôtres, fait partie de Pâques. Ou, si vous préférez, Pâques inclut Pentecôte. Tertullien, au III° siècle, disait que le temps pascal, la cinquantaine : Pentecôte veut dire « cinquante », est « un seul jour ».

C’est ainsi, frères et sœurs, que nous ne sommes croyants que si nous laissons l’Esprit Saint travailler nos cœurs. Il faut un peu de foi pour que nous accueillons en nos cœurs l’Esprit Saint. Mais, dès que l’Esprit travaille, la foi grandit et s’affermit. Au départ, notre foi peut être marquée par le doute, mais quand nos cœurs sont pénétrés d’Esprit Saint la foi devient forte, plus belle et vraiment joyeuse. Et elle transforme nos vies, elle change ce qui est mort en vie, ce qui est péché en sainteté.

Frères et sœurs, ouvrons nos cœurs à l’Esprit de Dieu, qui atteste le Ressuscité, et chantons par toute notre vie : « Christ est ressuscité, Alléluia, Alléluia ! »