Homélie du Père Doumas

9 mai 2021

Je m’adresse, très particulièrement, à vous, les fiancés.

Nous avons eu les rites d’entrée avec le chant et l’aspersion, qui, pendant le temps de Pâques, rappelle le baptême, le sacrement initial, la porte d’entrée de tous les autres sacrements. Puis, nous avons chanté la gloire de Dieu. On y met tout notre cœur. Tout cela est conclu par une prière du prêtre au nom de toute l’assemblée. Puis sont venues les lectures. Elles ont été introduites. Ce qui a dû vous en faciliter l’écoute. Je viens de lire l’évangile, que je vais commenter.

On est le jeudi soir, la veille de la mort de Jésus. Le repas est terminé et Jésus est en confidence avec ses disciples. Il leur dit son cœur !

Dans la Bible, les commandements sont essentiels. Ils sont donnés par Dieu à Moïse au mont Sinaï après que le peuple ait été libéré de l’esclavage en Egypte et avant qu’il ne prenne possession de la terre promise. Mais, Jésus, juste avant sa mort, concentre tous les commandements en un seul : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Cela pose une question, qui concerne directement le mariage : l’amour peut-il être un commandement ? Peut-on faire de l’amour un ordre ?

Dans vos rapports de couple, il n’en est certainement pas ainsi ! Vous désirez être aimé puisque vous aimez et vous faites tout pour que l’autre vous aime, mais vous ne pouvez pas imposer à l’autre qu’il vous aime. La contrainte est contraire à l’amour !

Je ne décide pas d’aimer ! C’est même tout le contraire. L’amour s’impose à moi. Je suis porté vers elle, vers lui, je l’aime ! C’est, littéralement, plus fort que moi. Cela a même précédé la conscience que j’en ai. Un jour, je me suis dit : « Je l’aime ! et, peut-être, cela a-t-il coïncidé avec la première fois où je lui ai dit : « Je t’aime ! » C’est, alors, en le lui disant, que j’ai réalisé cet amour qui, déjà, était dans mon cœur.

De l’aveu de l’amour, on passe à la construction de l’amour. Car l’amour, cela se construit. Il y a les fondations et puis les murs et tout le reste. La différence, c’est que la maison qu’est l’amour n’est jamais terminée. Car, l’amour n’est pas fait de pierres inertes, mais de réalités de vie.

Comme dans toute construction, il y a des étapes. Vous vous êtes rencontrés et quelque chose de fort est né entre vous. Et puis, un jour, vous avez décidé de vivre ensemble. Peut-être est-ce chez l’un de vous deux que vous vous êtes installés ? Mais, plus probablement, vous avez cherché un appartement ou une maison et vous l’avez aménagé ensemble. C’est devenu « chez vous ».

Ce moment de l’installation est une étape très importante. Car, c’est à ce moment-là que commence réellement la vie commune. C’est là que l’on se découvre véritablement l’un l’autre. Quantités de choses étaient passées jusque-là inaperçues et sont maintenant en évidence. Et c’est le moment de l’ajustement. Car, il y a l’élan de l’amour et puis l’ajustement de l’un à l’autre. C’est l’élan de l’amour qui permet l’ajustement. Cependant, si l’ajustement ne se produit pas, l’amour va disparaître.

Et puis, peut-être bien plus tard, est venue une autre étape : la décision de se marier. C’est une deuxième décision, plus forte encore que celle de vivre ensemble.

L’Eglise catholique valorise ce moment. Plus exactement, elle valorise la capacité de l’homme à décider. Pour l’Eglise, l’homme est porteur d’une liberté radicale. Il n’est pas seulement capable de choisir entre le whisky et le pastis, entre la clio et la twingo, ou entre cet appartement et cette maison. Il est capable d’engager toute sa personne. Il est capable de dire à l’autre : « Je me donne à toi ! »

A la mairie, vous direz votre accord pour vivre ensemble. Vous répondrez au maire : « Oui ! » C’est important. Mais, à l’église, vous vous parlerez l’un à l’autre et chacun dira à l’autre : je me donne à toi ! Et c’est ce dialogue qui, pour l’Eglise, fait le mariage.

A la mairie, on ne parle pas d’amour. De vie commune seulement. A l’Eglise l’amour est au centre et ce qui est central c’est de dire à l’autre : « Je t’aime et je décide de t’aimer ! » C’est cela le mariage : la décision d’aimer.

Je reviens, ainsi, à ma question initiale : l’amour se décide-t-il ? Dans son premier élan, non. Mais s’il veut être authentique, oui ! Et c’est toute l’importance du mariage. Dire à l’autre « je me donne à toi », c’est lui dire : « Non seulement je t’aime, mais je veux mettre tout en œuvre pour t’aimer, pour que tu sois heureuse, pour que tu sois heureux ! » Cet engagement est une force, un élan qui porte en avant, qui donne à l’avenir toute sa chance.

J’aimerais développer cela. Mais, je ne veux pas être long. Et je conclus en revenant sur une phrase de Jésus dans le passage que nous avons lu. Jésus dit aux disciples : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite ! » Quand vous vous direz l’un à l’autre votre décision d’aimer, c’est pour que votre joie soit parfaite, pour que votre vie soit heureuse !