Homélie sur le mariage

29 décembre 2019

Aujourd’hui, volontiers, sociologues ou politiques parlent des différentes « formes » de la famille. Il y aurait, certes, encore, la famille « traditionnelle ». Elle est, selon eux, encore là, mais à titre de fossile vivant. En effet, récemment la modernité a su ajouter à ce modèle, entièrement dépassé, d’autres modèles, nouveaux et pleins d’avenir. On parle de famille monoparentale, de famille recomposée. On parle aussi de parentalité et d’homoparentalité. C’est ainsi que beaucoup d’entre vous, bien chers frères, ont appris, sans doute avec grand intérêt, qu’ils pratiquaient l’hétéroparentalité ! Eh oui ! Chers amis, vous pratiquez l’hérétoparentalité. Et aussi, la monogamie !

J’ironise, bien sûr. Mais, en réalité, il est délicat de parler de tout cela parce que, si nous affirmons sans nuance nos convictions, nous risquons de blesser des personnes, qui vivent des situations difficiles. Et tant de personnes, aujourd’hui, vivent ces situations difficiles ! Elles sont à accueillir avec leurs souffrances, dites et non dites, avec, aussi, leur volonté de bonheur dans la situation qui est la leur. Ne portons donc pas de jugement, car celui qui juge est déjà jugé. Cependant, cependant ! cela ne doit pas nous empêcher d’énoncer nos convictions et de dénoncer les hypocrisies et les impostures du discours ambiant.

Je voudrais, non sans paradoxe, souligner combien la parole chrétienne sur le mariage peut, dans notre société qui ruine son propre droit du mariage, être reçue avec joie et bonheur par les couples qui se préparent au mariage.

C’est mon expérience : quand, avec un certain enthousiasme et une argumentation fortement charpentée, j’énonce devant un couple de fiancés ce que j’appelle la « bonne nouvelle du mariage », j’enregistre une très forte réception. Et quand je déploie les richesses de la compréhension chrétienne du mariage, si le couple que j’ai devant moi est un couple qui a vécu une authentique rencontre et qui a un véritable projet de vie, je suis reçu cinq sur cinq. Devant la réalité de la vie, devant l’expression spontanée du cœur de l’homme, les idéologies s’évanouissent comme brumes du matin.

Quand on dit que la liberté de dire non après avoir dit oui est une bien pauvre liberté, quand on dit, à l’inverse, que la vraie liberté est de s’engager pleinement, à la mesure même de son existence, quand on donne à comprendre qu’aimer ce n’est pas prendre, mais se donner, les jeunes d’aujourd’hui, tout autant que ceux d’hier ou d’avant-hier, adhérent - parce qu’on leur révèle ce que leur cœur murmure en eux.

Et quand on leur dit que leur amour n’est pas qu’une attirance physique ou une simple entente, mais que leur amour est « inspiré », qu’il vient de Dieu, que Dieu les confie l’un à l’autre, qu’il les donne l’un à l’autre, qu’il les unit, quand on dit que le mariage chrétien est un « sacrement », peut-être n’entendent-ils pas tout à fait le sens théologique du mot, mais quelque chose en eux s’ouvre et se découvre, et, souvent, bascule dans l’interrogation du sens de la vie.

Et c’est pourquoi, frères et sœurs, je vous engage à dire et à redire qu’il y a une vérité - oui, une vérité ! du couple et de la famille. Cette vérité n’est pas un « discours de curés » ou un « dogme du pape » ou un « archaïsme ». Cette vérité est celle du cœur de l’homme qui aspire à l’amour véritable, au don de soi à l’autre, qui est cette expérience si forte et si belle qui fait dire : « Je te désire si fort que je me donne à toi ! »

Et s’il le faut, n’hésitons pas, non plus, à dénoncer, à démasquer l’hypocrisie des discours. Comment, par exemple, tolérer l’expression « famille monoparentale » ? Quand on sait ce que cela concrètement signifie ! Quand on connaît les terribles galères de jeunes femmes abandonnées par le père de leur enfant ! Les bonnes âmes du « tout est permis » n’osent pas le dire et on le cache : en fait, a « monoparentalité » est la première cause de pauvreté en France ! Et le fléau s’aggrave d’année en année : le nombre de jeunes femmes seules à élever leurs enfants ne cesse de grandir.

Peut-être y a-t-il des domaines où pour nous, catholiques, il est opportun de faire profil bas. Peut-être ? Mais, pas celui-là en tout cas ! Tout au contraire. S’il est un drapeau à lever bien haut, c’est celui de l’amour fidèle et fécond. Il est la voie - la seule - qui assure véritablement bonheur et épanouissement des personnes. Oui, le message chrétien sur le couple et la famille est Evangile, il est Bonne Nouvelle !