« Le jugement, une bonne nouvelle ! »

15 décembre 2018

L’évangéliste note : «  Le peuple était en attente  ». On ne nous dit pas quelle est cette attente. On peut dire, tout de même, que le peuple attendait que se réalise la promesse de Dieu. Il sentait que c’était proche. Et, à cause de cette attente, «  tous se demandaient si Jean n’était pas le Christ  ».

Jean pouvait passer pour le Christ. Il était un prophète, un prophète particulièrement vigoureux et sa prédication était à la fois un appel à la conversion et l’annonce d’une bonne nouvelle. Mais, sachant le peuple en attente, Jean met les choses au point : il n’est pas le Christ  ! Cependant, il ne se contente pas de cette dénégation. Il décrit celui qui vient.

Il dit qu’il est plus grand que lui. Et de beaucoup : «  Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales  ». Dénouer la courroie des sandales, c’était un geste d’esclave. Jean se considère moins qu’un esclave par rapport à celui qui est «  plus fort  » que lui. Mais, le point décisif est l’opposition des deux baptêmes.

Jean baptise avec de l’eau. Ce n’est pas un acte sacramentel, comme le baptême dont nous avons été baptisé et qui donne la grâce. C’est un simple signe, un appel à la conversion. Notons que si nous pouvons imaginer le geste : de l’eau versée sur la tête de celui qui est dans l’eau on ignore tout des paroles que Jean prononçait. Et, d’ailleurs, il n’y avait, peut-être, aucune parole.

Le baptême de «  celui qui vient  » est «  dans l’Esprit et le feu  ».

Ce baptême n’est pas le baptême que les disciples inaugureront à Pentecôte, quand il leur sera demandé : «  Que faut-il faire  ?  » et que Pierre répondra : «  Convertissez-vous et faites-vous baptiser au nom de Jésus  ». Quand Jean parle de ce baptême à venir, il s’agit du jugement. Les développements qui suivent sont en effet très clairs. Le feu, et non pas l’eau, en est l’élément essentiel. Jean déclare : «  Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé. Il amassera le grain dans son grenier et il brûlera la paille au feu qui ne s’éteint pas.  »

On sépare le grain et la paille. On conserve le grain et on brûle la paille. L’image est très forte et sans ambiguïté. Il s’agit bien d’un nettoyage : «  Il tient la pelle à vanner pour nettoyer son aire.  »

Cela pourrait nous effrayer. Nous pourrions faire partie de la paille  ! Pourtant Luc conclut en disant : «  Par beaucoup d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle  ». Nous avons, donc, à comprendre le jugement comme une bonne nouvelle  ! Pour nous, bien sûr, mais en fait pour tous.

Juger, c’est séparer, c’est trier, répartir : mettre ceci d’un côté et cela de l’autre. Cela peut avoir un côté douloureux. Mais, c’est indispensable et très utile. C’est, en fait, une mise en ordre. Dans le récit de la Genèse, Dieu crée en mettant de l’ordre : il sépare la lumière des ténèbres, les eaux d’en haut des eaux d’en bas, la terre et la mer.

Laissons-nous trier  ! Que l’Esprit Saint - le baptême annoncé par Jean est un baptême dans l’Esprit Saint et le feu - que l’Esprit Saint fasse en nous le tri. Pour les catéchumènes qui vont être baptisés à Pâques, on parle des «  scrutins  » : l’Esprit Saint «  scrute  », il élimine le mal et conserve le bien. Laissons-nous scruter, trier.

Le but est de retrouver la splendeur originelle du baptême que nous avons reçu. Ce moment où tout est grâce en nous, où le cœur est tout entier dans la louange.

Oui, frères et sœurs, réjouissons du jugement de Dieu. Il nous délivre du mal et fait advenir son règne en nous  ! Amen.