Homélie pour le jeune Florian

2 décembre 2018

Il y a de la colère dans vos cœurs. Surtout vous, les jeunes. Vous ressentez une colère forte. Florian a été pris, enlevé. C’est une injustice  ! La colère, c’est avant tout cela : une protestation contre l’injustice, contre quelque chose d’injuste, qui ne devait pas arriver, mais qui arrive  !

La colère peut nous submerger. Alors, elle nous envahit et nous ne la contrôlons plus. Elle peut même conduire à des actes graves et injustes. La colère qui proteste contre l’injustice nous fait, ainsi, commettre, à notre tour, l’injustice. Toute injustice est injuste, même celle qui vient de la protestation contre l’injustice. Si la colère nous fait protester contre l’injustice, elle est juste, mais si la colère nous fait commettre l’injustice - alors, à son tour, elle devient injuste.

En vérité, la colère est le premier mouvement. Encore une fois, il est juste. Mais, nous ne pouvons pas rester dans la colère. Car, elle nous enferme dans un cercle destructeur. Et qui nous détruit : d’abord, nous-mêmes. Car, vient un moment où la colère est seulement notre affaire et ne concerne plus celui pour lequel nous sommes justement en colère. Si dans nos cœurs il n’y a que la colère, nous devenons injustes par rapport à Florian lui-même. Il ne nous demande pas d’être en colère  !

Florian a dépassé le moment de la colère. Son chemin - car il est en chemin, un chemin qui n’est pas impasse, un chemin qui mène quelque part – son chemin le conduit vers la Paix. Il est dans le moment du dépassement des limites du possible et de l’impossible, il entre dans la proximité de Dieu.

Dans la Bible, souvent, Dieu est en colère. Dieu voit l’injustice que commettent les hommes, il voit les pauvres exploités par les riches, il voit la violence de l’homme sur la femme, il voit l’irrespect des enfants par rapport à leurs parents. Il voit les actes, il entend les paroles et il connaît jusqu’aux pensées du cœur de l’homme. Il sait notre capacité à mentir et à faire souffrir. Il sait notre suffisance et notre égoïsme.

Et il est en colère. Le premier mouvement de Dieu est, donc, de détruire celui qui fait le mal. Il réagit en Père dont l’enfant est agressé. C’est ainsi que dans la Bible il y a le récit du déluge, où l’humanité, tout entière livrée à la violence, est plongée dans les eaux destructrices. Mais, la conclusion du récit est que Dieu se repend de sa violence, qu’il revient de sa fureur destructrice et il promet qu’il n’y aura plus de déluge.

En fait, la réponse de Dieu à la folie destructrice des hommes est l’envoi de son propre Fils. Le Fils de Dieu qui se fait homme, l’Eternel qui entre dans le temps, le Tout-Puissant qui se fait le Très-Humble, tout cela, nous les chrétiens, nous le proclamons. Avec maladresse, sans doute, mais avec entêtement. Pour nous Noël n’est pas une simple fête avec des guirlandes et des illuminations, Noël, c’est la naissance de Dieu dans notre monde.

Mais Jésus n’est pas seulement né pauvre, déposé bébé dans une mangeoire d’animaux, il sera condamné et crucifié. Il sera humilié à l’extrême. La croix dit la folie furieuse des hommes et, en même temps, elle dit la folie d’amour de Dieu pour les hommes. Son amour va jusqu’à cet extrême de la mort du Fils sur la croix.

Quand Jésus meurt sur la croix, il pousse un grand cri. On peut dire que c’est un cri de colère. Il proteste, lui l’Innocent, contre l’injustice qu’on commet contre lui, mais sa mort le fait entrer dans la Paix et quand il vient, trois jours plus tard, ressuscité, quand il vient vers ses disciples il leur dit : «  La Paix soit avec vous  !  »

Je vous invite à passer de la colère à la paix. Florian a pris ce chemin-là, le chemin qui va de la mort à la résurrection. Bien sûr, nous sommes sans représentation de ce chemin, il dépasse totalement les limites de nos perceptions, qu’elles soient sensibles ou intellectuelles. Il s’agit d’une expérience intérieure, d’une expérience du cœur.

Je vous invite à prendre le temps du silence, qui n’est pas seulement absence de bruit ou de parole. Je vous invite au silence intérieur. Quand l’homme fait véritablement silence dans son cœur, Dieu y dépose sa Paix et nous passons ainsi de la colère et du désespoir à la paix