Homélie du 1er mars

29 février 2020

Jésus va au désert. Et le tentateur s’approche. Jésus va, donc, mener le combat spirituel. Il en sort vainqueur. Mais si ce récit nous parle de Jésus, il est, surtout, une invitation à mener nous-mêmes le combat spirituel.

En tout homme, il y a un désir du bien. Mais, il y a, aussi, en tout homme ! une tendance au mal. Et nous sommes ainsi divisés. Un combat se mène dans notre cœur. Ce combat est le nôtre, mais il y a des partenaires. Il y a le Paraclet, le Défenseur. Il est celui qui se met à nos côtés pour que le bien, inscrit en nous, l’emporte. Mais, il y a aussi le Satan, l’adversaire qui nous pousse au mal.

Sans doute ni le Paraclet, ni le Satan, ni de Défenseur, ni l’Adversaire ne sont là, à visages découverts. Cela se joue dans le profond de nous-mêmes. En deçà même de notre conscience. En revanche, nous sommes conscients de la lutte, qu’il y a antagonisme. Car, nous ne sommes pas des marionnettes, manipulées par des puissances supérieures et notre liberté est décisive. Cependant, et c’est là un point capital : notre liberté est blessée.

L’homme moderne se prétend libre. D’une liberté souveraine. Sartre est le philosophe par excellence de la liberté, qui à chaque moment peut nier ce qu’elle a décidé à l’instant d’avant. Mais, cette liberté-là est une illusion, un leurre. Qui de nous n’a pas éprouvé la difficulté à décider ? Pas seulement parce qu’on hésite entre deux solutions, mais au niveau même de la volonté. Je voudrais vouloir ceci et pourtant je suis porté à faire cela !

Nous ne pouvons vouloir seulement pour vouloir. Nous voulons ce que nous nous représentons comme la bonne solution, plus exactement comme la solution bonne. Plus qu’à renforcer votre volonté, je vous invite à renforcer votre lucidité. Y voir clair est le meilleur moyen pour vouloir le bien. Et, là, il y a un combat ! Notre société nous aveugle. Il y a tant d’impostures dans les discours. On veut nous faire prendre pour le bien des choses qui sont mauvaises. Et, ainsi, nous avons besoin d’être éclairés.

Je vais mettre en œuvre ma liberté, mais si je suis honnête, je dois reconnaître que ma liberté n’est pas souveraine et que mon choix n’est pas nécessairement le bon. C’est là que j’ai besoin de l’Esprit Saint : le Paraclet ! Et, aussi, bien sûr, de la Parole de Dieu et de l’Eglise, de la communauté de mes frères chrétiens. Dans des situations difficiles, aller voir un prêtre est un choix pertinent.

Je n’applique pas simplement la loi parce qu’elle est la loi. Toujours j’ai à décider en conscience, mais une fois ma conscience éclairée, en ayant décidé qu’elle soit éclairée. Car, la conscience peut être obscurcie.

Le Satan, l’Adversaire, qui monte l’homme contre Dieu, qui dénigre Dieu, est un menteur, un trompeur. Il ne dit pas des choses complètement fausses. Il serait alors facile de les découvrir, mais il mélange la vérité et l’erreur, le vrai et le mensonge. Et c’est ainsi qu’il est, au sens propre du mot, le « tentateur ». Il fait ça avec Jésus lui-même. Le diable n’hésite pas à citer l’Ecriture à Jésus lui-même ! Il a toutes les audaces, tous les culots. Littéralement il emploie tous les moyens, même les bons. Mais, c’est pour obtenir la chute de celui qu’il attaque.

Frères et sœurs, le carême est le temps du combat spirituel. C’est le moment où nous sommes appelés à vaincre le mal. Que cela ne nous attriste pas. Bien au contraire ! En effet, le christianisme est une religion de la victoire ! De la victoire sur le mal et sur la mort. Au début du carême Jésus est vainqueur du mal, au terme du carême, au jour de Pâques, il est vainqueur de la mort. Parce que nous sommes chrétiens, parce que nous tenons notre identité de lui, qui est le Christ ressuscité, nous participons à cette double victoire sur le mal et sur la mort. Entrons, donc, dans la lutte, participons au combat, sûrs de la victoire. Jésus est notre vainqueur ! Amen.