Homélie de la première communion

18 septembre 2020

Jusqu’ici vous veniez à la messe en « auditeurs », désormais vous viendrez à la messe en « participants ». En effet, pour la première fois aujourd’hui vous mangerez le Corps du Christ. On dit que vous faites votre « première communion ». Je vous redis le geste et les paroles.

Vous serez tous les cinq alignés devant l’autel face à l’assemblée. Je passerai devant vous, l’un après l’autre. Vous ouvrirez bien largement vos mains, la main droite sous la main gauche. Je vous regarderez, nos regards se croiseront et je vous dirai en vous montrant l’hostie : « Le Corps du Seigneur ». Vous répondrez « Amen ». Alors, je déposerai l’hostie dans votre main. Vous la prendrai avec la main droite, la porterez à votre bouche et vous mangerez. Quand tous auront communié, ensemble, accompagnés d’Emilie, vous irez entre l’autel et le tabernacle pour adorer le Seigneur, pour lui dire tout l’amour que vous avez pour lui dans votre cœur. Cette adoration durera jusqu’à la fin du chant de communion. Alors vous reviendrez à votre place.

Avec notre intelligence nous sommes capables de penser que Dieu existe. En effet, comment penser que la complexité de la nature soit le seul fait du hasard, de la simple culbute des atomes les sur les autres ? La vie et ce qui est contraire à la vie, comme le coronavirus, c’est compliqué, extrêmement compliqué. Cela n’a pu se mettre en place, en ordre ! que parce qu’il y a une volonté fondatrice, littéralement une volonté créatrice et organisatrice. Je développe avec une image.

A Roquemaure j’ai quatre poules. Et je les observe. Elles sont dotées d’une certaine intelligence animale, mais, tout de même, très limitée. D’autre part, on se pose la question : est-ce que la poule sort de l’œuf ou l’œuf de la poule ? Chacun a sa solution. Mais, une chose est sûre : si la poule pond l’œuf, elle ne l’a pas inventé ! L’œuf, c’est quelque chose d’extraordinaire : la coquille, sa matière et sa forme, le jaune et le blanc, qui n’est pas blanc. C’est extraordinaire ! Mais, de tout cela, nous ne nous en étonnons plus. C’est tellement banal !

Bien sûr, on peut regretter que les œufs ne soient pas carrés, pour le stockage et le transport, ce serait plus pratique, mais, la forme de l’œuf permet de le casser facilement pour faire l’omelette ! Et pour la poule, c’est plus facile de pondre un œuf qui ne soit pas carré !

J’arrête mon petit délire sur les poules ! Je voulais seulement donner un exemple d’un prodige de la nature, très banal, et qui ne peut s’expliquer que parce qu’une prodigieuse organisation régit la nature. Je n’irais pas jusqu’à dire que les poules sont une preuve de l’existence de Dieu, mais je vous invite à vous étonner et à vous émerveiller de ce qui est dans la nature et qui dit qu’il y a un Créateur.

Si l’intelligence a son importance, cependant, la foi n’est pas simplement un acte de l’intelligence. La foi vient du profond de l’homme, de son « coeur ». Elle n’est pas une spéculation sur Dieu, sur le Tout-Puissant, sur l’Eternel. La foi nait de l’intuition que je ne suis pas né au hasard, de la simple rencontre d’un spermatozoïde de mon papa et d’un ovule de ma maman. Je n’ai pas été jeté dans le monde, mais j’y ai été déposé avec amour. J’ai été « semé », oui semé ! et pour porter de beaux fruits. Et, ainsi, je porte une « vocation ». J’ai été appelé à vivre et toute ma vie est un don.

Nul n’a décidé de naître. Mais, chacun porte en lui la capacité de comprendre sa vie. Il la comprend soit comme une simple chose : de fait, j’existe, je suis un homme ou une femme, je vis au XXIe siècle et pas au XVe siècle, je vis en France et pas en Arabie Saoudite. Et j’essaye de faire mienne cette vie, dont je constate la réalité ! Et j’essaye de faire qu’elle ne soit pas trop nulle. Ou bien, et c’est très différent, je comprends que la vie m’est donnée, qu’elle est par elle-même un don et qu’il y a un « donateur ». Ce Donateur, Celui qui est à la source de ma vie, on l’appelle « Dieu », et je peux entrer en relation avec lui. Car, il ne cesse de s’adresser à moi par toutes sortes de signes et par sa présence.

Il n’est pas difficile de penser que Dieu est présent partout, dans toute sa création. Il est présent dans cet arbre magnifique ou dans le chant de l’oiseau ou même dans le simple ressac de la mer. Dieu est partout présent ! Mais sa présence n’est pas égale. Il est présent dans nos vies et dans nos cœurs de manière très singulière.

Quand un couple se marie, je leur demande : « D’où vient votre amour ? Est-il seulement le fait d’une attirance, qui certes n’est pas seulement physique, car elle intègre toute la personne ? Mais d’où vient cette attirance ? De même, entre vous, il y a l’entente, cette expérience très concrète qu’on est bien ensemble. Mais d’où cela vient-il ? » C’est alors que je leur dis : « Votre amour est inspiré ». Il vient d’en-haut ! Dieu est dans le cœur de l’homme et lui qui est l’amour il ne cesse pas d’inspirer l’amour dans le cœur de l’homme. Malheureusement, souvent, nous les hommes nous fermons les yeux et les oreilles. Et du coup, nous ne voyons plus, nous n’entendons plus. Il est vrai, nos vies peuvent être couvertes de nuages. Mais, toujours derrière les nuages il y a le soleil. Les nuages le cachent, mais ne le font pas disparaître. Il en est ainsi pour Dieu. Certaines choses peuvent nous le cacher, mais il est là ! Toujours là !

Aujourd’hui vous faites votre première communion. Mais, probablement, vous ne serez pas tous à la messe dimanche prochain. Bien sûr il serait logique qu’il en soit ainsi. Mais, ce qui est très important c’est que vous n’oubliez jamais cela : nous n’avons pas été jetés dans le monde, nous avons été semés, et semés pour porter de beaux fruits. La vie nous est donnée, elle est un don de Dieu et nous les hommes nous sommes capables de rencontrer notre Créateur et de vivre une vraie relation avec lui, qui change toute la vie, qui fait la joie plus rayonnante, la peine moins lourde et nos relations plus riches.

Pour conclure, j’en reviens aux poules. Les poules font des œufs et aucun d’entre nous ne fera jamais un œuf. Mais, les poules ne sont pas capables d’entrer en relation avec leur Créateur, nous oui ! Ce n’est pas un détail. C’est essentiel ! Mettons en œuvre cette formidable capacité de vivre la relation avec Dieu. Et que votre Première Communion inscrive au plus profond de vos cœurs cette certitude : je suis, moi Lou, moi Hortense, moi Ulysse, moi Victor, moi Baptiste, « capable de Dieu » ! Oui, vous cinq, comme nous tous, vous êtes « capables de Dieu ». Amen !