Homélie de la messe des défunts

3 novembre 2019

Je voudrais vous convaincre ! Pas seulement vous faire changer d’idée ou penser autrement, mais vous convaincre : vaincre en vous les derniers doutes que vous pouvez avoir. Car voilà ma conviction : nous sommes appelés à la vie éternelle. Nous sommes faits pour vivre de la vie de Dieu, et cette vie a un nom. Elle s’appelle Amour !

Nous avons un corps, plutôt bien fait, avec une tête et quatre membres : deux bras et deux jambes ! Et grâce à lui nous faisons un tas de choses. Je peux faire de la cuisine ou rédiger sur mon ordinateur. Le matin je fais mon lit et le soir du repassage. Je me déplace, je marche, et quand j’étais plus jeune je courais vite et je faisais du vélo ! Mais, j’ai aussi des capacités sensorielles et intellectuelles. J’ai cinq sens qui, en permanence, me renseignent sur ma situation dans le monde. Et grâce à mon intelligence je me dirige dans l’existence.

Mais je ne suis pas seulement un mammifère bipède, doté de raison. Un animal raisonnable ! Mon plus proche cousin, le chimpanzé, est sympathique et très amusant. Mais il n’est que mon cousin. Il n’est pas mon frère. En revanche, tous les hommes sont mes frères. Cela veut dire que nous n’avons pas en commun seulement quelques traits particuliers qui nous différencient des animaux, mais que nous avons le même Père - qui est Dieu.

Et c’est ainsi, parce que nous sommes fils, que nous sommes à l’image de Dieu. Un fils est l’image de son père ! Cette image est inscrite au plus profond de nous. Et c’est à cause de cette image, inscrite en nous comme un nom sacré, que nous sommes « capables de Dieu ».

Oui, frères et sœurs, nous sommes « capables de Dieu ». L’univers, la création de Dieu ! est démesuré par rapport à nous et donc, Dieu, le créateur de l’univers, est bien que plus démesuré, il est infini et nous sommes infimes. Et, cependant, dans la création, immense et terrifiante, même si elle nous accueille en son sein …dans la création de Dieu, nous sommes ceux qui sont « capables de Dieu ».

Très réellement Dieu s’est adressé aux hommes, depuis le tout premier commencement et jusqu’à aujourd’hui et cela continuera jusqu’à la fin. Il ne l’a pas fait dans le fracas des hauts parleurs politiques ou à l’heure fixe du journal télévisé, il l’a fait - et il le fait - dans le murmure intérieur, dans l’intime de notre cœur.

Seul notre bruit intérieur nous empêche de l’entendre. Mais, si nous quittons l’extérieur de nous-mêmes pour aller au cœur de notre cœur, si la musique du silence l’emporte sur le bruit, alors, nous entendrons son murmure.

Son murmure n’est pas fait de mots. Dieu ne parle ni le français, ni l’anglais. Et pas non plus le provençal ! Il parle par la paix et la joie qu’il met en nous. Il parle par son amour. En particulier, je vous le confesse, il parle par sa miséricorde. Moi qui suis pécheur, je fais l’expérience de son pardon. Ce pardon n’est pas tonitruant, il est doux et infiniment délicat. Il est sa tendresse pour nous ! Il est la tendresse du Père qui aime ses enfants.

Frères et sœurs, si nous sommes « capables de Dieu », nous sommes porteurs d’éternité. Tous ceux que nous aimons et qui ont quitté cette terre sont allés vers lui. Certains sont arrivés, d’autres sont encore en chemin. Mais le but nous rassemble. Il fait de nous une seule Eglise - qui prie. Car, frères et sœurs, l’Eglise est prière.

Et, donc, si nous sommes capables d’entendre Dieu qui nous parle, nous sommes capables de parler à Dieu. Oui, nous sommes capables de parler à Dieu et il est, bien sûr ! capable de nous entendre ! Et c’est ainsi que se réalise la communion des saints.

Alors, frères et sœurs, habités par le souvenir des êtres chers qui nous ont quitté prions Dieu en toute confiance. Disons-lui notre souffrance et nos détresses à cause de la disparition de ceux et celles que nous n’avons pas cessé d’aimer. Disons lui, aussi, notre espérance ! Amen.