Homélie de la fête du Christ Roi

22 novembre 2019

Jésus vient d’être crucifié. Autour de lui, il y a différents personnages.

D’abord, le « peuple ». Luc dit, très sobrement : « Le peuple restait là à observer ». Le peuple observe sans rien dire. On s’interroge, on croit et on doute. Certainement, on se dit que c’est injuste.

Et, puis, il y a les « chefs » - Luc ne précise pas : scribes ou grands prêtres. Les « chefs » sont simplement démarqués du peuple. Et, eux, ils tournent Jésus en dérision : « S’il est le Messie, qu’il se sauve lui-même ! » Mais, les soldats eux aussi se moquent. Ils lui offrent une boisson mauvaise, une boisson « vinaigrée » et ironisent sur son titre de « Roi des juifs », qui surplombe la tête de Jésus.

Mais ceux qui sont les plus proches de Jésus sont ceux qui sont crucifiés avec lui. L’un d’entre eux reprend les propos malveillants des chefs et des soldats. Mais, le second va aller bien plus loin que le silence de la foule. Lui, il va confesser la foi.

Il affirme d’abord que Jésus n’a rien fait de mal, que Jésus est innocent. Il n’est pas comme eux qui méritent ce qui leur arrive. Mais, par-delà l’affirmation de l’innocence de Jésus, il fait une demande : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ! »

Pour lui, le Royaume est à venir. Jésus « viendra » dans son Royaume et c’est alors, quand Jésus établira son Royaume, que lui, le « larron », comme on l’appelle, sera sauvé. Mais, Jésus répond : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »

Avant le Royaume, il y a le Paradis et c’est pour aujourd’hui. Sans attendre le salut de tous par l’établissement du Royaume, le larron sera avec Jésus « dans le Paradis ».

Cette distinction nous est très familière. Quand l’un de nous meurt, nous disons qu’il va au ciel, tout en affirmant, par ailleurs, que le Christ, à la fin des temps, établira son royaume. Mais, au temps de Jésus, la croyance dominante était qu’on s’endormait dans la mort et que l’on se réveillait pour la résurrection à la fin des temps. Le temps de la mort était un sommeil, donc un temps d’inconscience. Avec la parole de Jésus il ne s’agit plus de cela : le larron sera avec Jésus, vivant dans le Paradis.

C’est là le thème principal de ce passage d’évangile. Mais, dans ce texte, il y a un autre thème, celui de la conversion avant la mort.

On peut avoir été un malfaiteur, un voleur, un assassin, une vraie canaille, on peut toute sa vie avoir résisté à la grâce, mais au moment de la mort découvrir Dieu. En fait, ce n’est pas recommandé. La conversion, c’est pour maintenant, pour tout de suite. Mais, ce qui est enseigné par là, c’est la miséricorde de Dieu. Dieu fait toujours miséricorde, toujours il propose son pardon. A nous donc de l’accueillir au quotidien de nos vies, le matin et le soir, plutôt le matin que le soir, mais le soir aussi !

En lisant ce texte au jour où nous fêtons le Christ-Roi, nous comprenons mieux de quelle royauté il s’agit. Jésus est un roi qui donne sa vie pour que les hommes vivent au Paradis et dans son Royaume. En fait, avec lui. Tout est là, frères et sœurs : être avec Jésus !