Homélie de la Profession de Foi

1er juin 2019

Il y a la confession de foi et il y a la profession de foi.

La confession de foi, c’est dire la foi dans son cœur, dans l’intime de son cœur. La confession de foi, c’est dire la foi à Dieu. C’est dire à Dieu qu’on sait qu’il nous aime et lui dire qu’on l’aime.
La profession de foi, c’est dire publiquement la foi, c’est dire la foi aux autres, devant les autres. Et, bien sûr, cela n’aurait pas de sens de dire la foi aux autres si on ne la disait pas d’abord à Dieu, dans la vérité de son cœur. Il n’empêche dire la foi aux autres fait partie de la foi et c’est pourquoi cette célébration a toute son importance pour (noms des enfants) et pour nous tous.

En fait la foi ce n’est pas seulement un discours, quelque chose que l’on dit. La foi, c’est une expérience et qui, comme toute expérience, engendre un savoir et, aussi, une relation.

Dans nos vies d’hommes, nous nouons toutes sortes de relation : d’amour, d’amitié, de voisinage ou de travail. Et chacune de nos relations est particulière. Mais, la relation avec Dieu est très singulière, véritablement unique. C’est la relation que j’ai moi, qui suis une créature, appelée à l’existence : je n’ai pas demandé à naître, j’ai été appelé à la vie ! la foi c’est la relation que j’ai, comme créature, avec le créateur - qui est le créateur de toutes choses, du ciel et de la terre, selon l’expression consacrée, mais qui est, très particulièrement, mon créateur : je suis sa créature, cette création qu’il aime, qu’il ne jette pas dans l’existence comme une chose, mais qu’il invite à vivre, qui me donne la vie comme un don. Du coup la relation avec Dieu n’est pas une simple croyance. On ne croit pas en Dieu comme les enfants au Père Noël ! Elle est une expérience de salut.

Je vous pose la question. Je la pose aux enfants, bien sûr, mais, aussi, à vous tous, leurs parents, leurs frères et sœurs et à tous les membres de notre assemblée : « Etes-vous sauvés ? Etes-vous sauvés ? » C’est une question cruciale : « Suis-je sauvé ? » Si je ne le suis pas, c’est grave, très grave ! C’est comme si j’étais malade et que n’existent pas la sécurité sociale ni la médecine. Je vous invite à laisser pénétrer dans vos cœurs et, aussi, dans vos têtes, la question : « Suis-je sauvé ? »

On a tendance à ne plus prendre en considération cette question, à se contenter de dire : « Dieu est le bon Dieu et donc tout ira bien pour moi. Pas de souci ! Je ne suis certes pas parfait, mais comme il est bon, inutile de me poser mille questions, plus casse-tête les unes que les autres. » Mais, en fait, peut-on prendre ces choses graves de manière aussi légère ? Peut-on faire comme si cela n’avait pas d’importance ou une importance toute relative ? Cette insouciance du salut est-elle raisonnable ?

L’Eglise catholique dit que Dieu sauve l’homme. Ce n’est pas l’homme qui se sauve en faisant exploits sur exploits, en réalisant des prouesses qui lui mériteraient le salut, la récompense finale. Le christianisme n’est pas la religion des bons élèves. L’Eglise propose à l’homme d’accueillir le salut, le salut n’est pas œuvre humaine, mais don de Dieu.

Mais ce n’est pas parce que le salut est don de Dieu que je n’ai pas à m’en soucier. Au contraire, la question en devient plus cruciale encore. Car, Dieu ne sauve pas au jet d’eau, tout le monde d’un bloc ! Il nous sauve chacun, à chacun il dit : « Tu es sauvé ». Il nous appelle, chacun, chacune, par notre nom. Et, nécessairement, la réponse ne peut être que personnelle ! Noms des enfants !

Je vous interpelle donc à nouveau, chacun, chacune : « Suis-je sauvé ? » Est-ce que réellement j’accueille personnellement, au fond de mon cœur, le salut que Dieu me donne ? Car, si je ne l’accueille pas, comment ce salut pourrait-il me sauver ? Dieu ne nous sauve pas malgré nous. Son salut consiste même, très précisément, dans le fait qu’il nous le propose.

On a tellement fait de la religion quelque chose qu’on impose ! Mais, si la religion ne s’impose pas, s’il ne peut pas y avoir de contrainte en matière de religion, il y a, de manière essentielle, un appel à la liberté et donc je décide de ma vie. Je décide d’être sauvé - ou non ! Dieu propose, je dispose !
La foi est libre, mais elle n’est pas un simple arrêt facultatif sur la ligne de bus. Du coup la foi apparaît avec tout son sérieux, elle n’est pas une cérémonie qui revient chaque printemps comme les hirondelles.
La foi n’est pas une ritournelle !
La foi engage toute ma personne et décide, littéralement, de mon avenir, de mon sort.
La foi, c’est choisir d’entrer dans le salut, la foi c’est choisir de vivre, c’est s’éloigner de la mort et choisir la vie ! Je le fais. Ou non ! J’entre ou je n’entre pas dans le salut. Noms des enfants ont choisi : ce matin, ils font profession de foi !