« Jésus en rajoute »

7 septembre 2019

En introduction au passage que nous venons de lire, Luc écrit : « De grandes foules faisaient route avec Jésus », et il ajoute : « il se retourna et leur dit » … Et c’est le texte que nous avons lu, où Jésus pousse à fond les exigences pour que l’on soit son disciple. La conclusion du propos est très claire : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple ».

On a le sentiment que Jésus veut décrocher de lui les foules, qui le suivent, ces « grandes foules » précise l’évangéliste. Il y a manifestement chez Jésus une double attitude. Il est pris de compassion pour les foules sans pasteur et il les enseigne longuement, mais en même temps il parle de la porte étroite et exige le renoncement à tout bien.

Il ne faut pas vouloir réduire cette tension, essayer une sorte de juste milieu. Il ne faut pas raboter l’exigence. Jésus propose un choix - avec lui, c’est toujours un choix : « Si quelqu’un vient à moi … » Et ce choix est toujours radical. On pourrait mitiger cette radicalité par le propos, bien connu : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, mon joug est doux et mon fardeau léger ». Mais, non ! En son identité même, l’appel évangélique est radical et nous avons toujours à nous demander : « Comment inscrire cette radicalité dans ma vie ? Comment par-delà mes médiocrités vais-je répondre à cet appel ? » Toujours ainsi nous avons à mettre l’absolu en perspective !

Mais, dans cette homélie, je voudrais prendre les choses autrement et réfléchir avec vous sur le contraste entre « grandes foules » et « petit nombre ».

Nous avons tous fait l’expérience des grands rassemblements. A Lourdes, à Rome ou ailleurs. Cela fait partie de l’expérience ecclésiale. Il nous est arrivé, ainsi, de vibrer en foule. Mais, nous faisons aussi l’expérience du petit groupe, où la chaleur humaine est forte et où l’échange se fait profond et fraternel.

Les deux sont nécessaires et structurants. Dans notre vie paroissiale, il importe que nos rassemblements dépassent les quelques-uns et que l’on se sente nombreux, que l’on vive la réalité du « Peuple de Dieu ». Certes, ici à Courthézon, ce sera toujours une minorité qui se retrouvera à l’église, mais quand l’église se remplit tout est différent.

En ce début d’année, je voudrais insister sur l’importance des petits groupes et des équipes. Le dimanche 22 septembre, dans quinze jours, nous aurons la célébration des pancartes. Chaque groupe de la paroisse, chaque activité aura son panneau, sa « pancarte », porté par le responsable, ou un autre, et cela montrera à tous l’importance de l’investissement des paroissiens dans la vie de la Paroisse. Les pancartes seront regroupées dans le chœur de l’église et cela portera la prière pour chacune des équipes et pour la Paroisse dans son ensemble.

Après la messe, nous nous retrouverons à Roquemaure pour un repas paroissial. Tout le monde n’y sera pas, mais c’est ainsi que se tisse la Paroisse. Elle est faite des mouvements unanimes de la liturgie : quand on prie en silence, quand on prie en chantant, quand on écoute la Parole, quand on adore le Corps et le Sang du Seigneur, quand on ouvre les mains pour l’eucharistie, quand on est envoyé pour annoncer l’évangile … il y a ces moments forts de la liturgie, mais aussi tous les liens qui se nouent entre les uns et les autres, où l’on apprend le nom et le prénom de l’autre, quand on découvre sa vie familiale ou professionnelle, quand on échange sur tel ou tel sujet ou tel ou tel événement. Il ne s’agit pas de transformer la Paroisse en club ou en association. Il s’agit de vivre l’évangile et, ainsi, de glorifier Dieu.

Pour conclure je reviens au propos initial. Frères et sœurs, laissons-nous saisir par l’appel de Jésus. Il est radical, il veut que nous dépassions radicalement et entièrement nos petits égoïsmes et nos habitudes, il veut que chacun de nous découvre en celui qui est là, juste à côté de moi, un frère ou une sœur. Que la main tendue au geste de paix et le sourire échangé soient l’amorce d’un chemin de fraternité. Pour la joie des hommes et la gloire de Dieu. Amen.