Homélie du Père Doumas

8 septembre 2020

« Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches … » Le texte est bien connu, mais la pratique est peu fréquente. Du moins lorsque cela se prolonge avec la démarche d’une ou deux personnes et, plus encore, par la dénonciation devant l’assemblée de l’Eglise. Cette pratique-là, si peu pratiquée, a été appelée « correction fraternelle ». Il importe, en effet, que ce soit « fraternel » ! Mais, à la fin du texte, aussi, Jésus évoque la fraternité, quand il déclare : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom je suis là, au milieu d’eux. » A cause de ces deux passages, je voudrais réfléchir avec vous sur notre vie communautaire, notre vie paroissiale, ici à Courthézon.

Je précise tout de suite que je vis très bien la vie paroissiale. Je suis heureux à Courthézon. Je ressens une vraie fraternité. Elle ne se vit pas de la même manière avec tous, mais il y a une réalité heureuse. Cependant, je pense qu’il est bon de vérifier où nous en sommes et quels efforts sont à faire.

Au centre de tout il y a le rassemblement dominical du samedi et du dimanche. Il est très bon de s’accueillir ! Et d’ailleurs on n’accueille pas que des courthézonnais. Viennent très régulièrement à nos célébrations des habitants de Montfaucon, de Roquemaure, d’Avignon, de Mornas …. Parfois d’Orange. Avant la messe, ce n’est pas la messe, mais cela y prépare ! A cause du coronavirus, on ne se serre plus la main, on ne se fait plus la bise, mais on peut se saluer et se dire quelques mots …

Il y a une manière de se disperser ou de se rassembler (dans la « distanciation » !) qui donne sens au rassemblement ou qui, au contraire, l’affaiblit. Il faut être attentif à cela. Et, ensuite, il y a la participation de chacun. Le chant est un aspect majeur. Une assemblée chrétienne est une assemblée qui chante. On ne chante peut-être pas très juste, mais ce n’est pas grave - à condition, bien sûr, de ne pas, alors, chanter trop fort ! Mais, le plus décisif est l’intensité de la prière de chacun. Cela se sent et cela a de l’effet sur le rassemblement. Pour les mariages, je le vérifie souvent. Il peut y avoir un véritable rayonnement de la mariée. Son amour, sa joie, sa beauté rayonnent et c’est décisif pour la célébration.

Pour le rite pénitentiel, j’aime prendre le « Je confesse » à cause de la finale : « C’est pourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous, aussi¸ mes frères, de prier pour moi ». Mon péché a l’avantage que les autres, « mes frères », prient pour moi ! Il faudrait trouver un geste pour signifier cela. Mais, de toutes manières, il y a le geste de paix. Là aussi le coronavirus a eu des conséquences. Mais, le geste de joindre les mains et se s’incliner vers les autres est plein de sens.

Le sommet de la fraternité, dans la célébration eucharistique, est la communion. Certes, dans une procession, on est les uns derrière les autres, mais tous font la démarche. Ce ne sont pas seulement des individus qui communient, c’est une assemblée, une fraternité. Et la prière silencieuse qui suit peut être très dense de vie communautaire.

Bien sûr, un moment capital de la vie communautaire est la sortie de la messe. Là il se dit beaucoup de choses. Je vous invite à être bavards ! En étant attentifs à ceux qui parlent peu ou qui ont le réflexe de partir vite.

A la sortie de l’église, les petits papiers avec les noms dans le panier sont au service de cette vie communautaire. J’espère bien qu’auparavant vous priiez pour la Paroisse au cours de la semaine ! Mais, de prier pour telle ou telle personne, chaque jour, est autre chose. Cela tisse du lien, un lien qui peut s’exprimer quand on dit à l’autre : « J’ai tiré ton nom et je prierai pour toi », mais qui a son plein sens dans la communion des saints.

Dans ce contexte, je voudrais, en ce début d’année, relancer le trombinoscope. Il est en panne ! C’est dommage. S’afficher, ce n’est pas se mettre en avant ! C’est manifester qu’on fait partie de la communauté de Courthézon. C’est, aussi, un témoignage pour ceux qui viennent de l’extérieur. Et, bien sûr, nul n’est exclu ou dispensé de mettre sa photo et son nom.

Je me suis concentré sur le rendez-vous dominical, mais il y a bien d’autres lieux et bien d’autres activités où se tisse le lien communautaire. Je ne vais pas maintenant les énumérer. Simplement j’insiste sur l’importance de cette vie communautaire. On connaît la célèbre expression désignant les premiers chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ! » Soyons ainsi ! Soyons bienveillants et attentifs les uns aux autres. Sentons-nous en charge les uns des autres devant Dieu, devant les hommes et entre nous ! Amen !