Homélie

16 octobre 2019

C’est terrible d’être lépreux. On est rejeté par tout le monde. Car la lèpre fait peur : c’est un mal horrible qui mange la chair - c’est très douloureux ! Et on croit que c’est très contagieux. C’est ainsi que les gens rejettent les lépreux. En plus, dans certaines religions, on considère la lèpre comme une malédiction, un mal qui vient de Dieu. Le lépreux n’est pas seulement un malade, mais un réprouvé !

La Bible veut corriger cela. On en a un très bel exemple avec Naaman, le général de Syrie qui vient de son pays au pays d’Israël et qui est guéri dans le Jourdain. On en a aussi un très bel exemple avec Jésus, qui guérit dix lépreux en les envoyant aux prêtres, qui doivent constater la guérison. Et, dans l’histoire chrétienne, il y a le célèbre baiser de saint François d’Assise à un lépreux. C’est une étape majeure de sa conversion.

Nous avons à être compatissants, sensibles à la souffrance des autres, même si, parfois, il nous faut surmonter la peur. Il n’est pas toujours facile d’aider les autres ! Mais, dans les deux récits que nous avons lus il y a, associés à cet enseignement, deux autres enseignements que je voudrais développer.

Le premier concerne Naaman.

Naaman est un glorieux guerrier, un soldat d’élite. Il a toute la confiance du roi de Syrie et lorsqu’il vient en Israël il apporte quantité de cadeaux, plus somptueux les uns que les autres. Mais, quand le roi d’Israël l’envoie vers le prophète Elisée et que le prophète ne sort même pas de chez lui et lui faut dire par un serviteur : « Va te baigner dans le Jourdain », Naaman est vexé, furieux qu’on le traite avec aussi peu de considération - lui le glorieux chef de l’armée de Syrie. Il remonte sur son cheval et à bride abattue il repart pour la Syrie. Cependant, il va être rattrapé par ses serviteurs et l’un d’entre eux, doucement : avec beaucoup de précaution, va lui dire : « Maître, si le prophète t’avait demandé de faire un exploit, quelque chose de très difficile, tu l’aurais fait ? » - « Bien sûr ! » répond Naaman. Alors le serviteur ajoute très doucement, avec beaucoup de précaution : « Il t’a demandé quelque chose de facile. Pourquoi ne le fais-tu pas ? »

Naaman était vexé, mais il avait tellement envie d’être guéri. Alors, il va se baigner dans le Jourdain et il est guéri.

C’est une leçon pour nous. Le Seigneur ne nous demande pas de réaliser des exploits, mais des choses toute simples. Alors faisons-les ! Je prends un seul exemple : envoyer un sms. C’est facile n’est-ce pas, envoyer un sms ? C’est facile, aussi, de dire : « Bonne et douce nuit ! » C’est même encore plus facile ! Alors pourquoi ne le ferions-nous pas ? J’ai pris l’exemple du sms et du souhait de bonne nuit, mais il y a mille exemples de ce genre de choses. Faisons-les !

Dans l’évangile, Jésus envoie au prêtre les dix lépreux, qui, tout en se tenant à distance, se sont approchés de lui. L’idée est que le prêtre constate leur guérison et les autorise, une fois guéris, à participer au culte du Temple. Mais un seul, comme par hasard un samaritain ! revient vers Jésus en rendant grâces. Cela veut-il dire seulement que nous avons à remercier quand on nous a aidés ou fait un cadeau ? Certes les mamans disent à leurs enfants : « Dis merci à la dame ! » Mais il ne s’agit pas seulement de politesse. En fait, le samaritain revient vers Jésus parce qu’il reconnaît en Jésus le vrai prêtre. Il a compris grâce à sa guérison que le prêtre auquel Jésus les avait envoyé c’était Jésus lui-même !

Pour nous il doit en être ainsi ! Le vrai prêtre, ici, ce n’est pas monsieur le curé, c’est Jésus ! C’est lui qui préside l’Eucharistie, c’est lui qui préside le repas auquel il nous a invité, c’est lui qui nous partage le pain et nous offre la coupe.

Vraiment ! je vous invite à avoir ce regard sur toute notre célébration. Il y a beaucoup d’acteurs dans notre célébration : il y a ceux qui chantent, ceux qui lisent, ceux qui apportent le pain et le vin, ceux qui distribuent la communion, ceux qui font la quête … Il y a Odile qui joue de l’orgue et Sébastien de la trompette … Il y a aussi Jonalie, son papa et sa maman, ses deux grands frères. Il y a Julie, qui va recevoir le livre de la Parole de Dieu … Mais au milieu de nous il y a Jésus. Il n’est pas seulement présent. Il est le premier acteur, l’acteur principal : le vrai prêtre ! Jésus est l’acteur sans lequel tout ce que nous faisons n’aurait plus grand sens.

Je vous invite, littéralement, à « voir » Jésus. A l’écouter et à lui parler. Car, nous non plus nous ne sommes pas là, passifs, les bras ballants et la bouche close ! Mais, notre cœur s’ouvre et parce que chacun reconnaît Jésus présent notre assemblée est une vraie communauté chrétienne, une Eglise !