Edito du père Doumas

27 juin 2021

Edito : abstention !

Dimanche dernier, on a battu des records d’abstention lors des élections régionales. J’ai écrit à un ami : « C’est comme la messe, un manque de foi et d’investissement collectif. » Et en plus, élection et messe, c’est le dimanche ! Par-delà la boutade, il y a cette réalité, massive, de l’abstention à la messe. Le manque de foi est évident. Si l’on y croyait vraiment, on viendrait à l’église le dimanche. Mais, je pense que, comme pour l’abstention politique, il faut s’interroger sur d’autres causes.

Je pense qu’une raison déterminante de l’abstention à la messe est qu’on s’y embête. C’est toujours la même chose ! Qu’il s’agisse des chants, des prières, des textes ou de l’homélie du prêtre. La messe, de fait, c’est très répétitif et vivre du neuf dans cette répétition n’a rien d’évident. Mais, on peut imaginer que malgré, ou grâce à ! cette répétition on pourrait y vivre quelque chose d’intéressant. C’est là que le manque de profondeur est grave.

La profondeur est à la messe ce que le dribble est au footballeur. Si le joueur n’est pas capable d’effacer son adversaire pour tirer au but, le match sera perdu. Si la messe n’a pas de profondeur, cela ne vaut pas grand-chose. Le silence est une exigence pour la profondeur. Certes, il n’est pas décisif par lui-même. Il y a des silences vides. La profondeur est un silence plein. Mais, nos messes sont facilement pleines de bruits ! Un jour, je demandais à un groupe de jeunes ce qu’était la messe pour eux. Une fille (du doux nom de « Ségolène ») répondit : « La messe ? C’est un curé qui parle tout le temps pour nous empêcher de prier ». Dur ! Mais pas complétement faux. Cependant, on peut dire les choses autrement. Quand je rencontre des gens disposés assez favorablement à l’Eglise, mais qui ne « pratiquent » pas : c’est le cas lors des préparations de baptêmes, de mariages ou d’obsèques, je leur dis souvent : « Dans l’Eglise, il y a trop de religion et pas assez de spiritualité ».

Il n’y a pas, je crois, de « technique » pour donner de l’intériorité à nos célébrations. Il revient à chacun de nous de laisser la superficialité, qui toujours nous menace, pour se centrer sur l’essentiel : la réalité de la présence du Christ dans nos cœurs et entre nous. Toujours, il s’agit de vivre, inséparablement, la dimension personnelle et la dimension communautaire de la messe. On ne peut pas privilégier l’une au détriment de l’autre, elles se nourrissent l’une l’autre.