Echange de courriers entre le Père Régis et le Père Abraham

16 avril 2020
Courrier du Père Régis au Père Abraham le 16 avril

Bonjour Abraham !

Le temps a passé et déjà nous sommes dans la semaine de Pâques. Dans l’Antiquité, tous les jours, les néophytes étaient rassemblés pour les catéchèses mystagogiques. On a gardé celles de Jérusalem sous le nom de Cyrille. Hélas, cette année, pas de néophytes !
Je devais baptiser une jeune femme dans la veillée pascale, Julie, qui se prépare depuis juillet 2018, et son baptême a, bien sûr était reporté, comme celui de son petit garçon, Gabriel. J’espérais que ce serait pour Pentecôte (30 mai au soir), mais je commence à craindre que cela non plus ne sera pas possible. En fait, nous renvoyons de plus en plus de choses à l’été ou même à la rentrée de septembre. C’est le cas, particulièrement, pour les mariages.
Par ailleurs, nous tenons le coup, même si le moral n’est pas toujours au sommet. Grâce aux moyens modernes, j’ai de nombreuses communications avec les paroissiens. Le confinement n’est pas l’isolement.
Et toi ? Comment vivez-vous cela au Burkina ? Est-ce que cela a des conséquences sur l’action terroriste ? Je pense souvent à l’Afrique en me disant que si la pandémie s’y installe les suites seront dramatiques. Malgré tout en Occident nous avons des moyens de lutte ; ils sont moins développés chez vous. Ou dans d’autres pays. Je pense, par exemple, à Gaza.
Donne-nous donc des nouvelles. Nous ferons circuler cela parmi les paroissiens.
Porte-toi bien. Protège-toi ! Fraternellement.
Régis.

Réponse du Père Abraham le jeudi 16 avril 2020

Bonjour Père Régis,

J’accuse bonne réception de votre mail de ce jour et y réponds.

J’ai reçu et lu vos différents messages et exhortations adressés régulièrement à vos paroissiens de Courthézon pour les encourager, pour les accompagner dans ce confinement si inédit et si terrible et surtout pour leur dire que le Christ est avec eux et est leur compagnon de route.
Beau visage d’un pasteur soucieux de chacune de ses brebis ! Beau cœur d’un pasteur soucieux du développement spirituel de sa communauté malgré ce temps de crise ! Merci à Dieu pour ce que vous êtes pour chaque membre de la communauté chrétienne de Courthézon.
Qu’ils n’oublient pas de continuer à inviter encore régulièrement le Christ sous leur toit maintenant qu’il est ressuscité et nous apporte sa paix, la Véritable et dont le monde a plus que besoin.

Sainte Fête de Pâques à vous et à tous vos paroissiens !

Je souhaite à chacune et à chacun la paix et le bien qui viennent du Christ ressuscité. C’est bien de cela dont nous avons besoin en ces temps si difficiles : paix de nos cœurs, de nos âmes, paix dans nos relations les uns avec les autres, paix dans nos familles, dans nos pays, dans le monde entier ; bien pour nous-mêmes, bien pour autrui, bien-solidarité. 

Vous avez raison : cette année, tout est de l’ordre de l’inédit, de l’ordre du « jamais-vu » : Pâques espérée avec des baptêmes a été célébrée dans tout le monde entier AUTREMENT mais avec une ferveur aussi accrue.
Tout ce qui était prévu a été reporté sine die, surtout avec ces reports qui ne dépendent pas de nous. Nous avions autour de 72 baptisandi pour la Vigile pascale. Ce fut « quelque chose » de leur annoncer que tout était reporté à une date que nous ne connaissons pas à cause de la maladie à covid-19 qui est rentrée dans notre pays avec ces premiers cas en début mars 2020. Ils sont compris mais sont tout de même rentrés chez eux le cœur serré ! Cela fait quelque chose également au cœur du pasteur que je suis ! C’est vrai que le virus est présent au Burkina mais de manière différente selon les régions. Des villes ont été mises en quarantaine au Burkina : on n’y rentre pas, on n’en sort pas !
Dans la paroisse où je me trouve nous sommes « un peu tranquilles ». Pas de cas positifs mais nous respectons les consignes aussi bien de l’Etat que les mesures prises par notre Conférence Episcopale.
Il y a par exemple entre autres mesures le couvre-feu qui court de 19h à 5h du matin sur toute l’étendue du territoire. C’est pour notre bien et tout ce qui concourt à notre bien devient volonté de Dieu d’une certaine manière.
Dans la zone de Tougan ma paroisse, il n’y a pas de cas non plus. Il y a comme une accalmie « côté terrorisme » mais l’armée veille à la frontière pour la protection des citoyens.
Le curé de la paroisse est bien débordé par la situation des déplacés. Il avance doucement dans la réalisation de l’établissement afin de pouvoir accompagner sur le long terme tous ces jeunes scolarisés pour qu’ils ne perdent pas leurs acquis et poursuivent leur chemin scolaire jusqu’au bout. Nous essayons de le soutenir. Personnellement c’est la priorité. Je suis dans une autre paroisse certes. Nous y sommes plutôt en paix. Et la situation actuelle du terrorisme doublée maintenant du covid-19 nous appelle au devoir de la solidarité envers ceux qui souffrent plus que nous. Aussi je porte avec le curé de la paroisse de Tougan son projet d’appui à ces jeunes.
« Demain il fera beau ! » Ayant la possibilité de nous déplacer dans notre sous-région ici, lundi dernier, j’ai fait un tour à Tougan pour dire bonjour à l’équipe sacerdotale de Tougan, discuter et encourager le curé dans ses activités pastorales. Ce furent de beaux moments fraternels à l’intérieur de cette octave pascale. Cela leur a fait du bien et nous a fait du bien. J’y ai mes parents (mon aîné, mes deux sœurs). J’ai pu les voir et leur souhaiter la bonne fête de Pâques. Ce sont des moments de bonheur dans ce temps de crise que j’ai accueillis comme grâces de Christ Ressuscité. Qu’il soit béni ! Oui demain, il fera beau ! En tout cela, je vais bien et remercie tous les jours le Seigneur de nous garder tous et de nous protéger à travers tous ces gestes-barrières, toutes ces consignes et mesures pris pour notre bien et notre paix.

Père Régis, comme on le disait au Cameroun quand j’y étais aux études de gestion, « on est ensemble ! »

Merci pour votre souci pour nous. Que Dieu nous garde unis dans la même prière et dans la même amitié. Je vous laisse avec ce dernier message reçu sur les réseaux sociaux :

"Qui aurait pensé que la lettre C allait nous gâcher la vie cette année : Coronavirus (C), Covid-19 (C), Cas (C), Confirmé (C), Confinement (C), Colère (C), Cache-nez (C), Contamination (C), Couvre-feu (C), le plus grave c’est : Cimetière (C). Le médicament possible c’est Chloroquine (C). Ce qui est énervant, ça vient de Chine (C).
 Fort heureusement le vrai remède c’est le CHRIST (C)".

Bien le bonjour à toutes les paroissiennes et à tous les paroissiens, à tous les amis de la paroisse.

Que Dieu vous garde et vous protège, Père Régis.
Merci encore pour votre fraternité.
Paix et Bien à toutes et à tous.

Abraham