Confinement : jour 21 et homélie

22 novembre 2020

Dimanche 22 novembre. Confinement Jour 21.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 25, 31-46.

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’ Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu...? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’ Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : ‘Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.’ Alors ils répondront, eux aussi : ‘Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?’ Il leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’ Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Homélie

Le texte est bien connu. Les chrétiens en connaissent tous les détails. Mais, il est bon pour nous de le relire. L’appel qu’il nous adresse est toujours à relancer.

La scène est grandiose. Le Fils de l’homme vient « dans sa gloire ». Et il n’est pas seul ! « Tous les anges seront avec lui ». En fait il vient comme un roi : « il siègera sur son trône de gloire ». Devant lui seront disposées « toutes les nations ». Et il jugera : il séparera les uns des autres. Avant de relire la suite, il est nécessaire de s’imprégner de cette royauté du Christ. Car, si l’on veut comprendre le sens profond de la phrase « C’est à moi que vous l’avez fait », il faut comprendre l’identité de celui qui dit « moi ». La force du texte est dans l’identification entre Jésus et le pauvre.

En fait Jésus ne parle pas des « pauvres ». Il parle des « petits », qui sont donc distingués des « grands ». Jésus, lui le roi de ce monde, ne s’assimile pas aux grands de ce monde. Il est chacun de « ces plus petits de mes frères ». Il s’agit de « petits » et de « frères ». Jésus s’est fait l’un de ces petits et frère de tout homme. Cette fraternité a une signification radicale. Essayons d’en pénétrer le sens.

Nous pouvons être fiers de notre devise nationale : « Liberté, Egalité, Fraternité ». Mais, quelle est la signification de cette « fraternité » ? Car, pour être frères, il est indispensable d’avoir le même père. Mais, quel Père nous donne la République » ? Peut-on être véritablement frères si nous ne pouvons pas nous adresser ensemble au même Père ? Freud nous explique que nous avons tué le père. Mais, alors, nous allons tout droit au fratricide. C’est, en tout cas, le rique d’une fraternité sans Père !

La fraternité en Jésus s’enracine dans la paternité de Dieu. Et notre prière est un « Notre Père » ! C’est ainsi qu’elle est en Jésus, notre frère, et qu’elle est fraternelle. Car, nous ne prions pas seulement comme Jésus ou avec Jésus, mais notre prière est celle de Jésus. Plus précisément encore : notre prière est prière parce qu’elle est celle de Jésus.

Ce sens, radical, de la fraternité est essentiel. Mais, le texte a, aussi, une portée pédagogique de première grandeur. Il montre du doigt la réalité des « petits » : la faim, la soif, le fait d’être étranger, la maladie, la détention en prison.

Spontanément nous avons de la compassion pour ceux qui ont faim et soif ou qui sont malades. Mais, dans notre société, on montre moins de compassion pour ceux qui sont étrangers ou qui sont en prison.

Très facilement nous nous plaignons du comportement des étrangers. Et certes quand l’étranger assassine un enseignant devant son collège ou des catholiques qui prient dans une église, il y a de quoi réagir. Et même quand c’est beaucoup moins grave. Mais, pour moi, il est flagrant que nous n’avons pas su les accueillir. Il y a eu de notre part un mélange de laxisme et d’ostracisme irresponsable. Car, il y a beaucoup de racisme et, en même temps, sous prétexte d’antiracisme, on a fait n’importe quoi ou rien du tout. C’est toute une politique d’intégration qui est un échec et depuis des décennies. La solution n’est pas dans une répression, dont on voit mal quels seraient les moyens. Mais, au principe, il y a l’idée que celui qui vient en France y vient pour être français : cela doit être dit et qu’il doit avoir tous les droits et tous les devoirs des Français. En particulier, parler le français ! Et c’est là, aussi, que la laïcité, entendue dans sa signification authentique, a tout son sens.

Je viens de dire les choses un peu sommairement et, pourtant, le sujet est vaste et difficile. Il doit être traité avec beaucoup de vérité et de concret.

Nous n’aimons guère non plus ceux qui sont en prison ! Par définition ce ne sont pas des enfants de chœur et ils ont commis des délits graves et parfois qui nous répugnent. Un jour à Orange des parents sont venus me voir. Leurs deux filles ne voulaient plus qu’ils aillent voir leur frère, emprisonné pour pédophilie. Il avait abusé de sa petite fille de trois ans. Elles disaient à leurs parents : « Si vous continuez à aller le voir, vous ne verrez plus vos petits-enfants ! » Double peine pour les parents. Et, donc, les parents venaient me voir pour me demander : « Avons-nous le droit d’aller voir notre fils en prison ? » Je leur ai répondu qu’ils n’en avaient pas le droit, mais le devoir. Mais, on ne peut pas donner un tel avis sans y être impliqué. Et, donc, tous les deux mois, le papa me conduisait à la prison du Pontet et je visitais son fils. Je vous avoue que j’ai eu du mal à voir en lui un frère de Jésus. Certes, le contact était positif, mais demeurait l’horreur de ses actes. Ce qui m’a aidé, c’est de lui donner le pardon au nom de Jésus. Cela a été longuement préparé. Mais, il y avait à cela une profonde nécessité. J’ai mesuré, alors, que le pardon de Dieu ne s’identifie pas à une remise de peine des hommes. Le regard du Seigneur sur le cœur de chacun est différent de notre regard et pourtant nous sommes invités à entrer dans ce regard : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères » …

Je termine en rappelant l’enveloppe du Secours Catholique, initiée dimanche dernier à l’occasion de la Journée nationale. Vous avez, donc, créé cette enveloppe, vous avez écrit dessus « Secours Catholique », vous y avez mis de l’argent et, aujourd’hui, vous complétez. Pour le coup, ce n’est pas compliqué et cela aura son efficacité.

Bon dimanche !