« Réfléchir et discuter ! »

25 octobre 2020

La décapitation d’un professeur à proximité de son collège est extrêmement choquante. La réprobation et l’indignation sont unanimes. Nous ne pouvons que nous y associer. Mais, cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir, car un très grand nombre de questions se posent et refuser de les poser au nom d’une unanimité nationale, qui ne serait alors que factice, est en contradiction avec ce qui est en jeu.

On approuve ou on tolère. Car, on ne peut pas confondre approbation et tolérance. Notre société a fait le choix de la tolérance. En France, le « blasphème » n’est pas un délit. Il est protégé par la « tolérance ». On parle de « liberté d’expression ».

En fait toute liberté a sa limite. Certains se disent convaincus que l’élimination des Juifs par les nazis est une invention, mais ils n’ont pas le droit de l’exprimer publiquement. C’est juste. Il convient qu’il en soit ainsi. Mais de la même manière peut-on tout dire sur les religions ?

La communauté musulmane a été horrifiée par le geste du tueur et profondément humiliée que cela soit fait au nom de l’islam. Mais, les musulmans, quels qu’ils soient, ne peuvent pas ne pas être meurtris par les caricatures et comme croyant je le suis aussi. Je peux admettre le principe de leur publication au nom de la liberté d’expression, mais moralement je les désapprouve. De la même manière je m’interroge sur le fait de les montrer en classe à des élèves de quatrième. Que des élèves de terminale sachent de quoi il s’agit se justifie, mais en va-t-il de même pour de jeunes collégiens ?

La vie sociale est fondée sur le respect de chacun, c’est ce que l’on veut promouvoir au nom de la laïcité, mais dès lors il faut s’interroger : un discours malveillant est-il juste ? La bienveillance n’est-elle pas indispensable ? En fait suis-je prêt à admettre que c’est l’autre, et pas moi ! qui définit ce qui le blesse ou non. Si c’est moi, au nom de la liberté d’expression, de mon expression ! je peux aller très loin. Car, je peux toujours me dire : il n’a qu’à accepter ce que je dis ! Ces questions ne peuvent pas être écartées ou niées. Elles doivent faire, au contraire, l’objet d’un débat. Il sera toujours très difficile, et pour une part artificiel, de tracer des frontières entre le permis et le défendu, mais quand il s’agit de choses aussi graves il convient d’en débattre.