Nous sommes avant tout des frères

22 septembre 2018

Homélie du dimanche 23 septembre 2018

Jésus leur demanda : «  De quoi discutiez-vous en chemin  ?  » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand  ». On peut dire que le cléricalisme n’est pas d’aujourd’hui  ! Le Pape François le dénonce comme un grave péché. Pour moi, le cléricalisme est une véritable plaie et l’analyser en profondeur demanderait beaucoup de temps. Je vous livre seulement quelques-unes de mes convictions.

Le cléricalisme concerne, évidemment, les clercs. Il est une série de défauts liés à l’exercice de l’autorité, et de cette autorité si particulière, celle des clercs. Mais, le principal ne consiste peut-être pas à faire la liste des défauts de monsieur le curé.

Pour moi, il n’y a pas d’abord les clercs et puis ensuite les autres. En sorte qu’en corrigeant les défauts des clercs tout irait bien dans l’Eglise. En fait, le cléricalisme est un mal qui touche la communauté chrétienne et qu’il faut vaincre en tant que tel : en tant que maladie qui affecte la communauté chrétienne.

Dans l’Antiquité, on désigne la communauté chrétienne par le terme de «  fraternité  ». On aurait dit alors : «  la fraternité de Courthézon  » pour désigner la Paroisse de Courthézon. Cela s’est perdu, comme beaucoup de choses, au seuil du Moyen Age.

Chers frères et sœurs, nous sommes, avant tout, des frères   ! C’est là notre identité profonde. Et si l’on vit cette fraternité, la fraternité chrétienne  ! le cléricalisme disparaîtra comme neige au soleil. Cela se joue dans nos relations humaines les plus habituelles. Quand nous nous rencontrons dans la rue ou dans un magasin, soyons fraternels  ! Utilisons nos prénoms, qui sont nos noms de baptême. Sachons demander des nouvelles ou en dire. Vivons cela très simplement, très naturellement. Avec sympathie, empathie. Fraternellement  !

Il y a un moment privilégié de cette fraternité, c’est avant la messe et après la messe. Avant la messe, on s’accueille. Après la messe, on échange. Si le curé est fraternel dans ce moment-là, les risques qu’il soit clérical diminuent sensiblement  !

Nous sommes tous frères, mais, bien sûr, certains vont me saluer en me disant «  Monsieur le curé  » ou bien «  Mon père  ». D’autres diront Régis. Ou «  Père Régis  ». Les uns me diront vous, les autres me tutoieront. On se serrera la main ou on se fera la bise. Cela c’est le jeu des relations humaines, elles sont diverses et variées. La fraternité, elle aussi, est diverse est variée.

Je vous fais une confidence : la personne que j’aime le plus au monde, pour laquelle je donnerais volontiers ma vie, je la vouvoie et je lui serre la main. Je ne lui ai jamais fait la bise  ! Cependant, je ne lui dis pas «  madame  », je l’appelle par son prénom.

La fraternité, cela se vit et cela se veut. Il y a la spontanéité, celle d’un bisou par exemple. Mais il y a aussi la volonté, l’acte du vouloir, conscient et délibéré. Cela s’éduque : aller vers l’autre, être accueillant à l’autre. Et quand cela est éduqué, on le fait spontanément.

J’accorde une extrême importance à cela. A cette fraternité, à la fois spontanée et volontaire. Mais, il y a aussi, bien sûr, ce que j’appelle les processus de décisions.

Dans une communauté comme la nôtre, on est amené à prendre des décisions. La question est comment les prend-on  ? Selon quels processus  ?

Si cela concerne la vie de la communauté, il convient que la décision soit, le plus possible, communautaire. Le principe est simple et clair. Il est parfaitement logique : une décision qui concerne la vie de la communauté doit être prise communautairement - comme dans un couple ou une famille. Quand tous sont concernés, tous doivent participer à la décision. Mais, il n’est pas facile de mettre cela en œuvre. On peut même dire que c’est impossible. Comment consulter tout le monde pour chaque décision à prendre  ? D’où l’existence de conseils et d’équipe. C’est en conseil ou en équipe que l’on doit prendre, au maximum, les décisions.

En fait, inévitablement, comme curé, je suis amené à prendre seul des décisions. Mais, je n’aime pas ça. Et, au maximum, même si je ne réunis pas un conseil ou une équipe au moment de prendre une décision, j’essaye d’en parler à l’un ou à l’autre. Par exemple, pour la liturgie, les détails du «  rituel courthézonnais  » ont été mis au point lors de discussions informelles avec telle ou telle personne. Et puis récemment nous avons pris l’avis de tous. Ce «  jeu  », ce «  processus  » est très important.

Sur notre Paroisse, il y a deux conseils. Le conseil économique, qui se réunit régulièrement et où la concertation est très réelle. Jean Brunier joue, en ce domaine, un rôle très important. Il n’est pas seulement le comptable de la Paroisse, il est véritablement économe paroissial.

Le refus du cléricalisme passe par des délégations de responsabilité très réelles, où le responsable est vraiment responsable et prend donc des initiatives.

L’autre conseil est le Conseil pastoral. L’année dernière j’avais commencé, sur la lancée du Père Abraham, avec une «  équipe pastorale  » et j’avais l’idée d’ajouter cette année un «  conseil pastoral  ». En fait, nous allons transformer l’équipe pastorale en conseil pastoral. Par ailleurs, je pense que nous devrions avoir chaque année une assemblée générale de la Paroisse. Les modalités de cette assemblée sont entièrement à définir.

Il y a les conseils, mais il y a, aussi, les équipes. On pourrait en énumérer plusieurs. Mais, je voudrais insister sur l’équipe des catéchistes.

C’’est un de mes grands bonheurs comme curé de Courthézon  ! Il y a Ariana pour l’éveil à la foi, Emilie, Dominique et Hubert pour le KT et François pour l’aumônerie qui se lance. Je pilote la réunion, mais il y a une excellente collaboration. C’est particulièrement le cas pour les messes des familles. Bien sûr, comme dans toutes les réunions, toutes les idées formulées ne sont pas adoptées, il faut choisir, mais cela se fait bien, très bien. Très fraternellement.

Je pourrais développer encore beaucoup de choses. Mais j’ai déjà était long - c’est une forme de cléricalisme - et je conclus en insistant sur un point qui me tient à cœur.

Chacun dans notre communauté a sa place et son rôle. Chacun a son charisme. Chacun doit donc s’exprimer et chacun doit être créatif, avoir des idées et des initiatives. Personnellement rien ne me réjouit plus que lorsque je vois l’un d’entre nous avoir une idée et la mettre en œuvre. J’aime beaucoup quand Hubert ou Liliane prennent une initiative. Il y a à cela une seule obligation : en parler aux autres, sinon on est clérical  !

Un dernier mot : je vous demande pardon pour tous mes péchés de cléricalisme  ! AMEN  !