Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé

9 août 2018

Jésus est passé de l’autre côté du lac, c’est-à-dire en face de Capharnaüm. Les gens sont très nombreux à l’avoir suivi. Sur la rive de lac, sur la pente, il y a de l’herbe, abondamment nous dit l’évangile, et sans doute, aussi, de l’ombre, l’endroit est agréable et Jésus s’assoit, entouré des disciples. Ca sent le pique-nique  ! Et, de fait, Jésus ne va pas se lancer dans un de ces grands discours dont il a l’habitude, mais, tout de suite, il questionne Philippe : «  Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient tous à manger  ?  » C’est une provocation  ! Philippe ne peut que répondre : «  Le salaire de deux cents journée ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain.  » Il y a tant de monde et si peu d’argent dans la caisse  ! Et, en plus, au désert, il n’y a pas de boulangerie. Le pique-nique risque d’être léger.

Cependant, il y a un jeune garçon, prévoyant, qui a apporté du pain et du poisson. Ca va faire l’affaire. Et donc on organise le pique-nique. Jésus dit aux disciples de faire asseoir les gens, et comme il y a beaucoup d’herbe, on s’assoie confortablement. Chacun est à son aise et les disciples n’ont plus qu’à circuler, distribuant largement aux uns et aux autres. Jésus, en effet, a rendu grâces et commencé lui-même la distribution.

L’évangile ne nous dit rien sur la multiplication des pains elle-même. Mais il s’attarde sur les restes. Ce n’est pas par simple souci du gaspillage  ! On remplit, en effet, douze paniers, qui évoquent irrésistiblement les douze tribus d’Israël, qui, au désert, ont mangé la manne et ont pu la conserver une double part pour le jour du sabbat. Jésus est le nouveau Moïse qui constitue le nouveau Peuple de Dieu. Et comme Moïse avait annoncé un prophète semblable à lui, la foule veut faire de Jésus son roi. Mais, Jésus ne veut pas de cette royauté et il se retire seul.

A vrai dire, si Jésus se retire ce n’est pas seulement pour être tranquille. C’est pour être dans l’intimité avec son Père. C’est cela qui le nourrit. Il dit dans l’évangile : «   Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé   ».

Les chrétiens de l’Antiquité n’ont jamais compris cet événement comme un simple pique-nique particulièrement réussi. Ils y ont toujours vu, plus encore qu’un souvenir de la manne, une annonce de l’Eucharistie. Et c’est bien cela qui est représenté par les fresques des catacombes. Cet enseignement vaut pour nous et du coup l’insistance du récit sur le fait que la foule est rassasiée, mange à sa faim, et sans doute un peu plus, est plein de sens. La nourriture que nous donne Jésus n’est pas seulement le pain quotidien, dont parle le Notre Père, mais l’eucharistie. Elle nous nourrit dans l’essentiel de notre vie, elle met en nous l’amour du Père, elle nous conduit vers lui.

Frères et sœurs, je vous invite à désirer ardemment cette nourriture, à manger jusqu’à rassasiement. Soyons gloutons  ! AMEN  !