Le baptême inscrit en nous la vie de Dieu

11 janvier 2020

Homélie du Père Doumas du 11 janvier 2020 : le baptême de Jésus

Nous venons de lire le récit du baptême de Jésus par Jean-Baptiste dans l’évangile de saint Matthieu. En fait, Matthieu reprend le texte de Marc en ajoutant seulement le dialogue, où Jean dit à Jésus que c’est lui qui devrait être baptisé et où Jésus répond : « Accomplissons toute justice ».

Jésus a été baptisé dans le Jourdain et, donc, une fois baptisé, il « remonte » de l’eau. C’est alors que les cieux s’ouvrent. Ils s’ouvrent en grand ! Et l’Esprit de Dieu descend sur Jésus « comme une colombe » et une voix proclame : « Celui-ci est mon Fils bien aimé, en qui je mets toute ma joie ».

Les cieux étaient fermés et grâce à Jésus ils s’ouvrent. Les anciens pensaient, en effet, que le ciel était solide. On parle encore aujourd’hui de la « voute céleste » et tous les enfants vous diront qu’Astérix n’a qu’une seule crainte : que le ciel lui tombe sur la terre. Et dans le récit de la création, on parle du « firmament », qui est « ferme » et solide, et qui sépare les eaux d’en haut des eaux d’en bas, et qui est appelé « ciel ». Mais, si le ciel est fermé, comme un plafond, plombé pour ainsi dire, ça communique mal entre Dieu qui est dans le ciel et les hommes qui sont sur la terre. Avec Jésus, ça s’ouvre et ainsi la communication se rétablit entre Dieu et les hommes. Et que se passe-t-il quand, grâce à Jésus, la communication est rétablie entre Dieu et les hommes ? L’Esprit de Dieu est donné. C’est l’Esprit qui donne la paix : il descend « comme une colombe » - le grand symbole de la paix, et l’amour et la joie sont proclamés : « « Celui-ci est mon Fils, bien-aimé en qui je trouve ma joie ».

Tous, nous avons été baptisés ainsi ! Tout petits, ou plus grands, comme Lou ! nous avons reçu dans nos cœurs l’amour du Seigneur, son amour et sa joie. A chacun de nous, il a dit : « Tu es mon bien-aimé, tu es ma bien-aimée » Et cela s’est inscrit au plus profond de nous. Car, il ne faut pas dire seulement : « J’ai été baptisé », tel jour, telle heure, dans telle église. Il faut dire : « Aujourd’hui, maintenant, ici, je suis un baptisé, aujourd’hui, maintenant, ici, je suis une baptisée » et je vis de mon baptême, car mon baptême est vivant en moi. L’eau reçue est devenue source de vie !

Ce matin, je voudrais vous expliquer quelque chose de grand et qu’on ne dit pas assez souvent.

Par le baptême nous devenons « enfants de Dieu », cela veut dire que, par le baptême nous sommes « nés de Dieu ». Cette naissance est différente de notre naissance naturelle. Par notre naissance, chacun de nous grandit et puis vieillit et un jour mourra. Pour moi, ça commence à approcher. Mais, la naissance qu’est notre baptême est porteuse de vie éternelle.

En vérité, le baptême inscrit dans notre être, dans notre être le plus intime et le plus profond, la vie éternelle, c’est-à-dire la vie de Dieu, la vie divine, qui, elle, n’est pas sujette à la mort. Au moment de ma mort, cette vie que j’ai reçue au baptême sera hors d’atteinte de la mort. Certes je mourrai, mais la mort n’aura pas de prise sur moi parce que, baptisé, je porte en moi la vie même de Dieu.

Assurément, frères et sœurs, c’est là un grand « mystère », quelque chose qui nous dépasse et que notre raison a du mal à saisir. Mais, frères et sœurs, nos cœurs sont capables d’accueillir cette Bonne Nouvelle, cette Nouvelle extraordinaire - qui vient de Dieu.

Pour les chrétiens, la vie après la mort n’est pas une simple survie. Nous ne partons pas dans les étoiles ! Et nous n’allons pas dans un paradis où tout est bien, une sorte de super club Med. Nous vivrons avec Dieu, en sa présence. Et bien plus encore : nous ne le contemplerons pas dans un simple face à face. Nous ne serons pas seulement dans l’adoration de sa Splendeur. Nous vivrons de sa vie, nous serons, littéralement, divinisés. Et sa vie est l’Amour. Divinisés, nous serons « amorisés », pleinement dans l’Amour.

En fait, cette vie divine, à cause du baptême, a commencé en nous. Certes, elle est encore un germe, un commencement, elle est comme une ébauche, mais elle est une réalité dont nous vivons et qui a la force de vaincre la mort.

Souvent la foi chrétienne a été ratatinée et dégradée en une simple morale : Suivez les commandements, observez toutes les prescriptions, en particulier celles édictées par l’Eglise, et après la mort vous serez récompensés. En revanche, si vous ne le faites pas, ça ira mal pour vous ! Ce jeu de séduction et de menace est vraiment dérisoire. Il m’est totalement impossible d’adhérer à une telle chose. Mais, la foi chrétienne est tout autre chose. Elle est cette intimité avec Dieu, vécue dans le cœur, au quotidien de la vie, et elle est cette vie inscrite en nous et qui est plus forte que toute mort, celle de la mort physique comme celle du péché.

Frères et sœurs, nous allons dans cette célébration bénir les baptisés de l’année 2019. Certes, nous n’ajourerons rien à leurs baptêmes. Le baptême est si grand ! Mais, nous allons signifier cette grandeur pour maintenant, pour l’aujourd’hui d’aujourd’hui, pour qu’ils vivent de leur baptême. Cette bénédiction est prière !

Et puis, à la fin de la célébration, nous porterons des photos de leurs baptêmes à la crèche. C’est par l’enfant de la crèche, qui est le Fils de Dieu, que ces enfants sont nés de Dieu. Et pour finir nous mangerons, fraternellement, la galette des rois. Le baptême est une fête qui annonce la fête éternelle ! Amen.