Homélie du Père Doumas

6 décembre 2020

Homélie du dimanche 6 décembre 2020.

Je crois que nous nous battons, que nous ne résignons pas. Mais, je pense, aussi, que nous sommes éprouvés et éprouvés en profondeur.

L’épreuve dure depuis bientôt un an. Elle a duré et elle a pris des formes très diverses. Il y a eu des hauts et des bas, beaucoup de bas. Et s’il y a des choses flagrantes : des empêchements immédiats, par exemple la braderie de l’Association paroissiale, il y a, encore maintenant, des choses plus insidieuses, dont nous ne nous rendons pas compte tout de suite, mais qui pèsent en profondeur.

Nous n’avons pas vécu Pâques et si peu Pentecôte. L’été a été plus favorable. On a fêté sainte Anne en juillet et la Vierge Marie le 15 août. Mais, tous les reports : baptêmes et mariages, première communion et profession de foi ont déstabilisé le calendrier. Et quand on a pu célébrer, on a célébré à l’économie, à minima. Je garde cependant un très bon souvenir de la première communion au mois de septembre.

Le moment n’est pas encore venu du bilan. Mais, déjà, je vois les conséquences. Partout, dans tous les domaines, on constate des affaissements, des ralentissements et même des reculs.

Le plus net concerne les enfants. Des semaines, des mois, sans catéchèse et sans célébration, c’est très négatif et cela va peser longtemps. Nos envois par internet ne compensent pas grand-chose, tant avec les enfants le contact direct est essentiel.

Nous avions réussi à relancer l’aumônerie. Nous avions eu une belle réunion en octobre. Nous avions mis au point l’agenda des futures rencontres et fixé la Profession de foi. Et même deux : l’une au milieu de l’année et l’autre en fin d’année. Aujourd’hui nous sommes dans l’expectative. Nous attendons que les « choses » soient possibles.

Ce qui est vrai pour les plus jeunes est vrai aussi pour les anciens. Plus de réunion du Mouvement Chrétien des retraités, plus de célébration de messe à Saint-Vincent ! Et beaucoup moins de visites aux malades ou aux personnes âgées pour leur porter la communion. Cela ne se rattrapera pas ! On pourra reprendre le fil, mais ce qui est perdu est perdu.

Dans cet ensemble, il y a les questions financières. Elles ne sont, certes pas, les plus graves. Mais les rentrées ont sensiblement diminuées et cela, aussi, laissera des traces.

Bien d’autres choses seraient à dire, mais je m’arrête là. Car mon propos, je l’ai déjà dit, n’est pas de faire un bilan complet. Je voudrais, au contraire, commencer à dire comment nous pourrons redémarrer.

Pour marcher, il faut mettre un pied l’un devant l’autre. Il est des situations où l’on ne sait pas faire autre chose. C’est tellement difficile que l’on fixe la pointe de ses pieds et qu’on soulève la jambe droite, puis la jambe gauche. Mais si l’on veut vraiment avancer il faut lever la tête et regarder l’horizon. Dès que les choses commenceront à s’éclaircir, c’est ce qu’il nous faudra faire : nous redonner des objectifs.

Cependant, nous ne pourrons pas être dans le simple volontarisme, dans l’impératif du « il faut ». Nous aurons besoin d’intériorité. L’enjeu sera l’espérance.

Le temps de l’Avent est, par excellence, le temps de l’espérance. Nous revivons l’espérance d’Israël, qui a vécu des drames épouvantables, mais qui n’a jamais cessé d’espérer son libérateur. Et Jésus est venu ! Il a été un messie surprenant et déroutant. Le prophète - nous l’avons entendu dans la première lecture - avait annoncé « la gloire du Seigneur » et Jésus est né sur la paille : Marie n’a pas trouvé de place plus confortable que la mangeoire ! Mais, les anges ont chanté aux bergers : « Gloire à Dieu et Paix aux hommes ! »

Frères et sœurs, nous sommes vulnérables, nous sommes même fragiles. L’épreuve nous atteint et moralement et psychologiquement nous sommes affaiblis. Peut-être même physiquement ! Mais, être chrétien, c’est faire un choix spirituel. C’est aller au-delà des réalités humaines immédiates : le moral et le psychologique, et atteindre le profond, le spirituel, où se joue l’essentiel.

Allons jusqu’au profond de nos cœurs, faisons le choix de l’espérance. Sans doute le chemin sera encore long et il sera difficile, mais si nous sommes habités intérieurement par la force du Seigneur nous marcherons, à nouveau, du bon pas de l’évangile ! Amen.