Homélie Père Doumas

1er mai 2021

Développant l’image de la vigne et des sarments, Jésus affirme : « en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Ce « rien faire » interpelle ! Tant de gens font beaucoup de choses sans le Christ. Et nous-mêmes, tout ce que nous faisons nous ne le faisons pas « dans » le Christ. Quand je reçois des amis, qui peuvent être des paroissiens ! je fais la cuisine et je m’y applique. Je tiens à ce que ce soit bon. Bien sûr, tout en faisant la cuisine je peux penser à Jésus, mais faut-il penser que Jésus fera que ce sera bon ? Manifestement l’affirmation de Jésus se tient sur un registre autre. Et elle manifeste la nature même du christianisme.

Tout à l’heure, en écho au Père Bouchex, nous l’avons dit : la religion chrétienne n’est pas une religion du livre, mais de la Parole. C’est une différence majeure avec l’islam. Car, l’islam, lui, est une religion du livre. Coran veut dire « répétition ». On répète l’annonce prophétique de Mahomet, qui a été mise par écrit, qui est inscrite dans un livre. Et toute la prière musulmane est récitation du Coran. Les musulmans n’ont pas créé des prières, ils récitent le Coran. Plus encore, la tradition dominante en islam est que le Coran - le livre sacré ! – est incréé. Certes, cela est mis en question aujourd’hui au sein de l’islam, mais c’est très minoritaire.

Religion de la Parole, le christianisme est, en fait, parce que la Parole est le Fils de Dieu, une religion mystique. C’est ce que magnifie cette parabole de la vigne et des sarments. La vigne, c’est le Christ, les sarments c’est nous ! Et, de fait, les sarments ne vivent que s’ils sont sur la vigne. Coupés de la vigne, ils meurent et devenus bois morts ils ne sont bons que pour être brûlés. A l’inverse, les sarments de la vigne reçoivent la sève qui vient de la vigne et ils portent du fruit, le meilleur des fruits : le raisin, qui fait le vin.

Frères et sœurs, cet enseignement de Jésus nous questionne : vivons-nous de lui ? Recevons-nous de lui la vie

Il nous faut ré-entendre la parole qui dit : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Si Tom a reçu la Parole, c’est pour cela : pour être nourri de la Parole qui sort de la bouche de Dieu ! Et il y a plus encore. Car, la Parole se fait pain. Le pain que nous présentons, celui qui, au départ, est devant le chœur, que l’on dépose sur l’autel et qui par la puissance du Saint Esprit et les paroles de Jésus, devient son corps - c’est-à-dire lui-même - est nourriture pour la vie éternelle. Et nous appelons cela « communion », c’est-à-dire union à l’intime de notre être avec le Christ.

Toujours le chrétien est appelé à cette vie-là, à cette intériorité, à cette réalité spirituelle, à cette vie mystique ! Mais, il convient de retenir la dernière phrase du texte que nous avons lu : « Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruits et que vous soyez pour moi des disciples ! »

Frères et sœurs, être disciples de Jésus, c’est croire en lui, vivre de lui, c’est agir, toujours, selon le bien, mais c’est, aussi, annoncer le Christ ! J’avais promis de revenir sur ce sujet de l’annonce. Je le ferai, en fait, dimanche prochain. Mais, pour parler de l’annonce, il fallait s’arrêter sur ce texte : il est la vigne, nous sommes les sarments. Pour annoncer le Christ, il faut vivre du Christ !

Tom a reçu le livre pour proclamer publiquement la Parole. Cela a beaucoup de sens. Mais, à la fin de la célébration, je lui transmettrai le livre pour qu’il lise la Parole dans l’intimité, dans son cœur. C’est ainsi que l’on est sarment et que l’on porte du fruit. Et que l’on annonce le Christ ! Amen !