Homélie 32e dimanche

8 novembre 2019

Manifestement Jésus s’amuse. L’histoire de cette femme qui a sept maris et les enterre tous, les uns après les autres, est drôle. Et quand on ajoute : « Finalement la femme mourut aussi ! » on se dit qu’effectivement le temps était venu pour elle !

En fait, le sujet est sérieux. Il s’agit de la vie à venir ! Il y a controverse entre les pharisiens, qui affirment la résurrection des morts, et les sadducéens, qui la nient. Dans cette affaire, Jésus est du côté des pharisiens et développe un argumentaire, mettant les choses au point.

Pour dévaloriser la résurrection des morts, les sadducéens assimilaient la vie éternelle à la vie terrestre. D’où la question : « Duquel, des sept ! sera-t-elle l’épouse ? » Et Jésus répond. Il ne fait pas de la théologie savante. C’est une réponse de bon sens. Dans le monde à venir, il n’y a plus ni mariage, ni procréation. Cela ne veut pas dire que les liens noués au cours de notre vie sont abolis. Absolument pas. Tout au contraire, ils prennent leur totale dimension. Mais, on ne se marie pas et on n’a pas à nouveau des enfants. Je suis célibataire pour l’éternité !

Plus théologique est la réponse sur le fond avec la référence au récit du buisson ardent. Jésus commente l’expression « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob » pour dire que Dieu n’est « pas le Dieu des morts, mais des vivants. »

Abraham, Isaac, Jacob sont morts depuis longtemps, mais, en fait, ils sont vivants à cause de Dieu, qui est le Vivant. Pour ainsi dire, tout ce qu’il touche, Dieu le fait vivant. La vie divine est un remède contagieux !

Il y a là une donnée fondamentale. Dieu est le Vivant, en lui tout est vie, il n’y a pas de mort en lui. Rien n’est plus étranger à Dieu que la mort. Pour nous la mort n’est pas seulement un événement à venir - après la mort de nos sept maris ! La mort est une réalité qui habite nos corps. Le vieillissement en est l’attestation. Mais, en Dieu, il n’y a pas de vieillissement. Sur Dieu la mort n’a aucune prise.

Personnellement, je pense que pour Dieu la mort n’a pas d’existence. Il ne sait pas ce que c’est ! Pour lui, tout est vie et n’existent que des vivants, dont la vie vient de lui. Toute vie vient de Dieu, un être vivant est vivant parce qu’il est relié à Dieu - parce que Dieu le « touche ».

Je vous invite à méditer cela. Dieu est la vie, le vivant absolu, sans trace aucune de mort et il donne la vie. Pour ainsi dire, il ne peut pas faire autrement ! Comme je l’ai déjà dit : la vie divine est contagieuse, elle ne cesse de se répandre, elle est une actualité permanente.

Etre croyant, c’est réaliser cela : que Dieu est vivant et que toute vie vient de lui, que ma vie vient de lui. Je suis vivant par Dieu ! Et tellement que par-delà la mort il me ressaisira dans la vie, dans une réalité bien plus proche de lui qu’aujourd’hui, et, alors, toute trace de mort disparaitra de moi. Je serai un vivant à jamais. Comme Abraham, comme Isaac, comme Jacob !

Voilà, c’est ce que dit Jésus dans ce texte. Mais il ajoute en conclusion une petite phrase, qui mérite d’être relevée. Il dit : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui. »

Je viens de développer que nous vivons, que nous sommes des êtres vivants, par Dieu, en raison de ce qu’il est : le Vivant qui communique la vie. Mais, nous sommes, aussi, des êtres vivants pour Dieu ! Le sens ultime de nos vies est d’être pour Dieu. Nous sommes faits, frères et sœurs, pour la « gloire » de Dieu et c’est à cause de cette gloire qu’il fait de nous des vivants. Accueillons la vie au profond de nous-mêmes et que le quotidien de nos vies soit à la gloire de Dieu. Amen !
Père Doumas