Devenir catéchumène

11 octobre 2020

Homélie du dimanche 4 Octobre 2020

28e dimanche année A

Entrée en catéchuménat de Tom

Les évangiles de Matthieu et de Luc sont en quelque sorte jumeaux. Ils ont été rédigés au début des années 80, ils empruntent à l’évangile de Marc et à la source des Logia, ils ont l’un et l’autre un évangile de l’enfance en introduction au ministère de Jésus … On pourrait multiplier les parallèles. Mais, on peut dire, aussi, qu’ils sont de faux jumeaux, l’un, Matthieu, est judéo-chrétien et l’autre, Luc, pagano-chrétien. Cela veut dire que le premier a été rédigé par un Juif devenu chrétien et s’adresse à une communauté judéo-chrétienne et que l’autre, Luc, est un païen directement converti à la foi chrétienne et rédige pour des païens devenus chrétiens. Ces païens devenus chrétiens, on les appelle « pagano-chrétiens ».

Matthieu et Luc ont l’un et l’autre la parabole des invités, nous verrons cela dimanche prochain. Et chacun a mis sa touche dans le récit. Cependant, c’est Matthieu qui la transforme le plus. En fait, il la fait précéder de cette parabole dite des « vignerons homicides ». Il la transpose, clairement, dans le contexte historique de la guerre juive de 66 et de la destruction de Jérusalem en 70.

Je n’entre pas dans le détail. Cela transformerait cette homélie en cours d’exégèse ! Mais, je voudrais reprendre l’expression du Prophète, que Matthieu cite : « C’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! »

Nos églises, en France du moins, ne débordent pas. Et on n’a pas trop de problème avec la distanciation imposée par la crise sanitaire. Au point que, parfois, les chrétiens qui viennent à la messe se sentent les derniers des mohicans ! Et c’est vrai, il y a eu, ces dernières décennies, une très importante baisse de la « pratique » dominicale, mais aussi du baptême des enfants, de la fréquentation du catéchisme et des ordinations sacerdotales. Et cela a, sans conteste, un côté inquiétant. J’y suis, personnellement, très sensible. Cependant le vieil arbre de l’Eglise est encore vert. Des pousses nouvelles surgissent et souvent elles sont très belles. Je pense à Sigolène !

Sigolène est la fille aînée d’une famille de cinq. Elle a aujourd’hui trente ans et vient de rentrer chez les dominicaines de Taulignan, dans la Drôle, juste au-dessus de Valréas. Le monastère porte le beau nom de « la clarté Notre-Dame ». Depuis l’enfance elle a manifesté un fort attachement à Jésus, mais son parcours de jeune femme a été complexe. Elle a beaucoup fréquenté les communautés nouvelles et quand il y a deux ans elle a exprimé un désir de consécration religieuse tout le monde dans son entourage pensait qu’elle allait faire le choix de l’une d’entre elles. Mais, non ! Elle a fait le choix très fort d’une vie contemplative, d’une vie entièrement consacrée à Dieu.

Ce qui m’a d’autant plus impressionné, c’est que dans ce monastère de la clarté Notre-Dame il y a déjà une autre jeune femme, Jeanne, qui était adolescente à Montfavet, quand j’en étais le curé.

Il y a donc Sigolène, originaire de Montfavet et entrée dans le monastère dominicain de Taulignan. Mais, ici, à Courthézon, nous accueillons aujourd’hui Tom, qui demande le baptême. Il est plus jeune que Sigolène mais sa marche, à lui aussi, est forte ! Il nous l’a exprimée. Du coup, vous me permettrez de m’adresser directement à lui.

Tom, cette demande de baptême n’est pas venue d’un coup, comme un éclair dans le ciel bleu ! Elle exprime un mûrissement. Il est parfaitement juste de dire que tu as « cherché » et que cela n’est pas tout récent. Mais, ce matin, je ne vais pas essayer de baliser mes étapes de ta recherche. Je voudrais te dire l’inverse. Car, il y a ce qu’on appelle les « chercheurs de Dieu ». Mais, lorsque le chercheur de Dieu trouve Dieu il comprend qu’en fait c’est Dieu qui le cherchait !

Tom ! Tout est là ! Dieu est un chercheur d’hommes. Il est le Créateur, qui n’a pas seulement voulu la vie, une nature luxuriante avec une biodiversité éclatante, aujourd’hui menacée par l’homme, mais il a désiré que dans ce monde digne de lui il y ait un être qui participe à sa vie, un être capable de Dieu. Sans doute y a-t-il les anges ! L’univers ne peut pas se limiter à ce qu’on voit. Il y a, aussi, l’invisible. Mais, nous ne sommes pas très bien renseignés sur le sujet. Et, quoi qu’il en soit, le Fils de Dieu ne s’est pas fait ange, mais homme. « Le Verbe s’est fait chair », dit saint Jean !

Le Fils de Dieu n’a pas décidé de venir parmi pour une gentille promenade ou même un simple enseignement. Il a voulu être au maximum de la proximité possible avec nous. Il s’est fait homme. Il est né ; et il a tété sa mère. Il a grandi, et il est allé à l’école. Il est devenu adulte, et il a été charpentier. Il a accompli son ministère de prophète, et il est allé jusqu’à la mort : la mort infamante de la croix. Et il est revenu vers nous : il est ressuscité et s’est montré vivant à ses disciples.

Ce qu’on peut appeler le « parcours » de Jésus dit toute la foi chrétienne et nous invite à l’accueillir dans nos vies et à l’accueillir aussi concrètement que lorsqu’il manifeste sa soif à la samaritaine ou pleure devant le tombeau de son ami Lazare. Oui, Tom ! Repère la présence de Jésus dans ta vie et dans ton cœur. Sa présence laisse des traces, qui ne sont pas les simples vestiges d’un passage, mais des réalités vivantes. Elles sont paix et joie, profondeur et générosité, amour et amitié. Oui, Tom ! Tu entres dans l’amitié du Seigneur. Il s’est approché de toi, il t’a choisi comme son ami. Vis cette amitié, qu’elle anime toute ta vie !