« Dieu cherche l’homme »

14 septembre 2019

Ces deux paraboles : celle de la brebis perdue et celle de la pièce retrouvée sont jumelles. Elles précèdent, dans l’évangile de Luc, la parabole que nous appelons « le fils prodigue ». Et le contexte est très précis : « Les publicains et les pécheurs viennent écouter Jésus, alors que les pharisiens et les scribes récriminent contre lui ». Jésus donne donc une leçon à ces pharisiens et à ces scribes au cœur dur, enfermés qu’ils sont dans la loi.

Le parallèle entre les deux paraboles est souligné par l’usage de la même expression : « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue/réjouissez-vous avec moi car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue ». » Ce qui est souligné c’est donc la joie de celui qui retrouve ce qu’il a perdu. Et le texte insiste sur la recherche. Le berger a cherché la brebis « jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée » De même la femme, qui balaie toute la maison.

La pointe des deux paraboles est donc bien le souci de retrouver ce qui est perdu et le sens est très clair : « Dieu est à la recherche du pécheur et fait tout pour le sauver ». Cela est si fort que le texte ne décrit aucun effort de la part des pécheurs. C’est très net pour la brebis. On ne nous dit pas qu’elle cherche à revenir à la bergerie ou qu’elle bêle pour être retrouvée. On nous dit seulement que le berger, quand il l’a retrouvée, la prend sur ses épaules et la ramène chez lui. Et bien sûr c’est encore plus net pour la pièce d’argent, qui est totalement inerte.

Cependant, cela ne veut pas dire que l’on est sauvé malgré soi, sans une participation active. En effet, dans les deux paraboles, en conclusion il est dit : « Il y aura de la joie dans le ciel pour tout pécheur qui se convertit ». Ainsi, le Seigneur cherche la brebis, il retrouve la pièce, mais le pécheur se convertit ! Et c’est la conversion du pécheur, qui ouvre son salut, qui réjouit le ciel.

Qu’en est-il alors pour nous ?

Nous pouvons avoir cette certitude, que le Seigneur nous cherche. Nous nous sommes éloignés, nous sommes perdus et il nous cherche. Beaucoup dans notre société sont ainsi. Non seulement ils sont perdus, mais ils ne le savent pas. Ils ne savent pas qu’ils ont une bergerie et un berger ; certains ne savent même pas qu’ils sont brebis. Cependant, le berger, lui, cherche. Sans cesse il cherche. Il veut retrouver la brebis perdue, la prendre sur ses épaules et la ramener à la bergerie.

L’image des épaules du berger est très forte. Elle évoque les épaules de Jésus qui ont porté la croix.

Mais lorsque le berger a retrouvé la brebis et l’a prise sur ses épaules, la brebis s’éveille et réalise ce qui lui arrive. C’est alors le moment de la conversion. C’est le moment où le désir de la conversion nous saisit. Du coup nous allons être actifs - comme le berger. Nous allons participer à l’acte par lequel Jésus nous sauve. Ainsi, nous ne nous convertissons pas pour être sauvés, mais c’est parce que nous sommes sauvés que nous nous convertissons.

Participer à l’acte par lequel Jésus nous sauve, c’est tout le sens de notre vie chrétienne. Il a pris l’initiative, il a fait l’acte décisif de nous prendre sur ses épaules - qui, je l’ai dit, évoquent la croix - et maintenant il nous sollicite pour que nous changions nos cœurs et nos comportements. Ce ne sont pas nos comportements qui nous sauveront. C’est lui qui nous sauve en nous retrouvant et en nous conduisant à la bergerie du Père, mais nous ne sommes pas des choses inertes, comme la pièce d’argent, nous sommes des êtres libres, appelés à faire des choix. Et il convient que ces choix soient des choix forts, authentiquement responsables, avec lesquels nous seront conséquents, pour lesquels nous serons fidèles. La fidélité est l’autre nom de l’amour.

Frères et sœurs, en ce début d’année, louons le Seigneur qui nous a cherché et retrouvé, qui nous a pris sur ses épaules et nous conduit vers la bergerie du Père et convertissons nos cœurs. De manière décisive et pleine tournons nos cœurs vers lui et vivons la fraternité. Amen.